La révolution tunisienne a suscité beaucoup de réactions à travers le monde entier, de par sa singularité et son exception. Aussi bien les Etats que les gouvernements de plusieurs pays, les organisations internationales et régionales que les organisations non gouvernementales, tous ont salué le courage et la détermination d'un peuple assoiffé de liberté, se déclarant prêts à soutenir la transition démocratique enclenchée le 14 janvier. Au cours des deux derniers mois, notre pays a connu un ballet diplomatique sans précédent, avec la visite du secrétaire général des Nations unies, de chefs de gouvernement, de ministres et autres émissaires de pays occidentaux notamment. Certains Etats et organisations se sont même empressés de débloquer des fonds pour soutenir la mise en place de mécanismes à même d'assurer le bon déroulement des prochaines élections de la Constituante et «aider au renforcement des partis politiques et de la société civile et à l'émergence de médias indépendants et professionnels». Nonobstant les déclarations de bonne intention et les «offres de service» faites à notre pays en ces moments difficiles, il est important de souligner qu'elles ne sont pas tout à fait gratuites ni encore moins innocentes. L'on sait que ce genre d'aide est, toujours, assujettie à des conditions, même si elles sont sous-jacentes, pourraient fausser le jeu démocratique et influer sur l'enjeu. D'autant plus que ces aides pourraient profiter à des parties au détriment d'autres, si l'on n'arrêtait pas des critères objectifs pour leur octroi et si l'on n'identifiait pas un dispositif fiable, cohérent et surtout transparent pour ce genre de financement. D'autant plus que le financement des partis politiques n'est pas encadré par un régime juridique précis et que, par conséquent, on ne saurait pas éviter les dérives. «La démocratie n'a pas de prix mais elle a un coût», dit-on. Mais ce coût ne devrait pas aller à l'encontre des valeurs et des principes démocratiques ni de la dignité du peuple. Les ressources, d'où qu'elles viennent, doivent être entourées de garanties nécessaires de manière à éviter les financements occultes et les pressions de tout ordre, surtout les pressions étrangères. Tout comme la présence d'observateurs étrangers dont le rôle devra se limiter à l'observation, le contrôle sera l'affaire des Tunisiens. La vigilance est, donc, requise. Sans chercher à calquer d'autres expériences qui ont réussi par le passé, il faudrait s'en inspirer pour s'épargner les erreurs et les dérives et tracer ses propres voies susceptibles d'assurer une transition pacifique. Les élections du 24 juillet prochain seront un test important pour le peuple tunisien. Leur réussite rejaillira non seulement sur le pays, mais aussi sur toute la région. Elles feront, peut-être, un cas d'école pour les pays en phase de transition.