Par Abdelhamid Largueche La parité entre les hommes et les femmes sera prise en compte lors de la présentation des listes électorales pour la Constituante. Une première dans le monde arabe et musulman. Nous publions la réaction à chaud d'Abdelhamid Larguèche, historien et membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. Petit pays, grande nation ; en votant la loi sur la parité hommes femmes pour la Constituante, j'ai eu l'intime conviction que nous nous sommes projetés dans le futur en enjambant d'un seul pas une ligne jugée par beaucoup infranchissable. Et, pourtant, pourtant nous l'avons franchie, pour prouver à nous mêmes d'abord, puis aux autres ensuite que la Tunisie méritait bien une révolution. Ce n'était pas un hasard si la femme a constitué depuis plus d'un siècle l'enjeu et le pivot de toutes les modernités : scolarisation des filles dans les écoles franco-arabes donnant au pays ses premières femmes médecins, ses premières institutrices et ses militantes de première heure, Réformisme tunisien de première heure s'exprimant en faveur de l'émancipation des filles musulmanes par l'éducation chez les jeunes Tunisiens, puis avec vigueur et détermination avec Tahar Haddad. Puis vint le temps de l'indépendance et des grandes réformes instituant l'Etat national avec comme grande première réforme, le Code du statut personnel dès 1956, bien avant la République, pour annoncer la vocation moderniste d'une société qui n'avait d'autre choix pour se développer que d'émanciper ses femmes. La parité gagnée avant-hier lors d'une séance émouvante, gagnée à l'arrachée, à main levée était le premier geste qui montre que nous étions, femmes et hommes les dignes héritiers de Haddad, de Thaâlbi et de Bourguiba. A ceux qui disent que cette loi est peut-être en avance sur les réalités encore précaires et fragiles, je dirais, c'est à la société de s'adapter à ses nouvelles lois. De tout temps, la Tunisie s'est affirmée en se surpassant, en abolissant l'esclavage avant bien d'autres pays en Occident même, en se dotant d'une Constitution bien avant des pays et des continents, en faisant de sa Zaytouna, de son Collège Sadiki, de sa Khaldouniya des foyers de lumière pour tous les peuples du Grand Maghreb, en abolissant la polygamie en criant haut et fort que l'Islam signifie liberté et égalité. En instituant la parité des droits en politique, nous disons simplement, femmes de Tunisie, vous avez guidé une révolution, guidez le peuple vers plus de lumière, vers plus de liberté.