TUNIS, 12 avr 2011 (TAP) - Le principe de la parité hommes-femmes est imposé à toutes les listes qui se présenteront pour l'élection de l'Assemblée constituante du 24 juillet prochain. Dans sa première version, l'article 16 du décret-loi relatif à l'élection de la Constituante, qui accorde à la femme 25 pc du nombre de sièges, a été finalement amendé pour adopter le principe de la parité. Adopté, lundi, lors de la réunion de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, cet amendement qualifié d'"historique" a fait l'objet d'un vote démocratique à la majorité. "Ce n'est que justice pour la Tunisie, pour une histoire de combat d'hommes et de femmes pour la démocratie", a déclaré avec émotion la présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), Sana Ben Achour, interrogée par l'agence TAP sur la question. "Je suis d'autant plus fière en tant que tunisienne, que ce soit la Tunisie qui prend les devants et adopte un principe reflétant l'état de la société tunisienne pour laquelle on s'est battue", a soutenu Mme Ben Achour. L'adoption du principe de la parité intervient alors que des manifestations d'activistes islamistes se multiplient dans le pays revendiquant notamment le droit du port du voile. "On pouvait effectivement craindre pour des résistances de type culturel et archaïque", a redouté La présidente de l'ATFD. Pour elle la démocratie ne peut être de type "exclusif". "La parité est un principe de bonne conduite démocratique. La démocratie étant fondée sur le principe de la participation de tous", a-t-elle estimé. Lors du débat, lundi, sur le contenu de l'article 16, les membres de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution ont mis l'accent sur les acquis réalisés grâce au Code du statut personnel (CSP). La majorité écrasante a appelé à l'amendement de cet article pour une parité hommes-femmes dans la présentation des candidatures à l'Assemblée Constituante. "La parité au sein de la Constituante peut induire une nouvelle représentation des rapports hommes-femmes comme cela a été le cas, en 1956, avec l'adoption du CSP, particulièrement s'agissant de l'abolition de la polygamie", a soutenu Mme Ben Achour. La vice-présidente de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, Mme Latifa Lakdhar, a qualifié cette décision d'"acquis important" qui sied, a-t-elle dit, au statut de la femme tunisienne représentée dans tous les domaines d'activités professionnelles tout autant que sur la scène publique. "La parité hommes-femmes à la Constituante vient compléter le statut de la femme tunisienne en tant que citoyenne à part entière et lui permet de participer à la vie politique", a relevé Mme Lakdhar contactée par TAP. Elle a fait valoir que le code électoral permettra à la femme tunisienne d'être un "acteur politique" dans cette nouvelle phase de transition démocratique que vit le pays. La compatibilité de ce principe avec la réalité de la femme tunisienne, en particulier, dans les régions, a été évoquée lors de la discussion de l'article 16, a confié Mme Lakdhar. Quelques réserves ont été exprimées à ce sujet, a-t-elle précisé, avant d'être enfin levées après un vote majoritaire en faveur de la parité hommes-femmes. Seule une volonté politique de vouloir participer à la chose publique est garante de la réussite du principe de la parité", a-t-elle estimé. Pour Mme Saida Akrimi, représentante de l'Ordre des avocats tunisiens au sein de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, "Les femmes tout autant que les hommes ont lutté contre la dictature et l'oppression. Après la révolution, il est tout à fait normal qu'elles soient représentées au sein de la Constituante selon le principe de la parité". "Je suis pour l'institution de la parité dans la nouvelle Constitution du pays, c'est-à-dire pour qu'elle soit érigée en principe dans l'ensemble des institutions élues ou constitutionnelles", a-t-elle plaidé. "Il est vrai qu'un tel principe peut choquer les mentalités, cependant les lois doivent faire une projection vers l'avenir pour aider la société à y adhérer", a-t-elle soutenu. Plusieurs parties craignent que le principe de la parité hommes-femmes à la Constituante ne soit un handicap pour la constitution de listes dans le mode de scrutin sur les listes à la proportionnelle avec le plus fort reste qui favorise les petits partis. Certains l'appréhendent comme un principe "propulsé" qui n'a pas fait l'objet d'un référendum.