Notre élite est en déclin et se trouve même dans l'incapacité de battre de nouveaux records nationaux. Le fossé se creuse davantage non seulement par rapport à l'élite internationale mais aussi régionale et continentale. Seuls Habiba Ghribi et Hassanine Sbaï sont encore en mesure de nous faire rêver Pour évaluer la compétitivité de notre élite dans un sport de performances comme l'athlétisme, la détermination du nombre des records nationaux, régionaux ou continentaux battus dans les différentes spécialités ou 47 épreuves olympiques, peut nous éclairer davantage sur le potentiel de nos athlètes. Evaluer comparativement les podiums obtenus sur le plan continental et régional d'une échéance à une autre constitue un autre indicateur révélateur à condition d'analyser en profondeur la valeur des adversaires en présence. Enfin, on peut également plonger dans les classements mondiaux à la recherche des athlètes tunisiens classés parmi le Top 50 ou 100 selon la discipline sportive. Notre étude basée sur ces trois paramètres, révèle et confirme le déclin de notre athlétisme dont la situation inquiète depuis au moins 2008. Des résultats internationaux en régression depuis 2008 Lors des Jeux olympiques de Pékin 2008 , cinq athlètes dont deux évoluant pour leur compte à l'étranger (Habiba Ghribi en France et Leïla Ben Youssef aux USA) ont obtenu leur qualification contre neuf athlètes qualifiés aussi bien en 2004 et 2000. La faible moisson des médailles obtenues lors des championnats africains 2008 et 2010, ainsi que les Jeux méditerranéens 2009 et les championnats arabes 2009 ont fait que le classement de la Tunisie a oscillé entre la 7e et 15e place par nations. Seule la médaille de bronze sur 1.500m de Habiba Ghribi a sauvé la participation tunisienne aux JM de Pescara 2009 où les 13 athlètes alignés ont réalisé l'une des plus faibles prestations tunisiennes depuis 1983 avec une 15e place derrière la Libye et l'Egypte en plus de l'Algérie et du Maroc. Sur le plan africain, le bilan n'a pas dépassé les trois podiums : 2 médailles d'or et 1 en argent en 2010 (7e place), 2 médailles d'or et 1 en bronze en 2008 représentent les plus faibles moissons depuis Dakar 1998 .Sur le plan arabe, notre élite a confirmé cette régression avec neuf podiums dont trois titres et une 7e place à Damas à l'occasion des derniers championnats 2009 où nos athlètes ne sont jamais tombés aussi bas depuis 1997. En 2010, nos juniors n'ont pas compté la moindre victoire individuelle à Radès à l'occasion du match Méditerranée, ce qui ne s'est pas produit depuis 2003. Le seul éclair dans la grisaille fut la percée de quelques espoirs au sein de la sélection cadette menée par Abir Barkaoui , un talent qu'on a failli griller en 2010. Cette jeune athlète était pourtant bien placée pour disputer un podium aux 1ers Jeux olympiques de la jeunesse à Singapour mais a dû rater son échéance en raison d'une très mauvaise planification de sa préparation. Des records qui datent de plus de 20 ans! Dynamiser l'athlétisme commence par un bon dépoussiérage des tablettes des records des jeunes et toutes catégories dont la majorité des performances n'ont pas bougé depuis des décennies. Seuls 17 records nationaux (12 pour les dames et 5 pour les messieurs) dans cinq spécialités ont été établis lors des cinq dernières années (2006-2010) contre 71 dans 11 spécialités pour la période antérieure 2001-2005. Ces 17 records ont été battus seulement dans les épreuves de lancers (4), steeple (4), sauts (4), marche (3) et haies (2). Les derniers records nationaux messieurs de fond (5.000m et 10000m) et du 3.000m steeple datent de l'époque de Gammoudi dont le record du 10.000m (27:54.69) tient encore depuis Munich 1972 ou Fathi Baccouche qui règne toujours depuis 1987 sur les records du 5.000m (13:13.94) et du 3.000m steeple (8:15.06). Les records tunisiens du demi fond remontent à 1984 avec Med Alouini sur 800m (1:45.78) et 1997 pour Ali Hakimi sur 1.500m (3:31.70) . Au marathon, Tahar Mansouri avec sa performance de 2h12:36 réalisée en 1996 et Sonia Aggoun 2h43:41 en 1997 resteront inaccessibles pour bien longtemps .Sur les courses de haies (400m), les chronos de Fadhel Khayati (49.52 en 1994) et Hend Kebaoui (57.69 en 1995) figurent toujours sur les tablettes sans parler du relais 4x100m messieurs qui date des JM d'Izmir (41.10). Certaines épreuves de lancers font aussi de la résistance avec les records du disque de Abderrazek Ben Hassine (65m32 en 1981) , Monia Kari (61m74 en 1996) et du javelot de Maher Ridane (77m98 en 1995) . 12 records pour les jeunes en 2010 sur plus de 120 épreuves possibles Pour ce qui est des sauts, les meilleures performances absolues en hauteur sont toujours la propriété de Kaouther Akremi (1m78) depuis 1983 et Belhassen Chikhaoui (2m15) depuis 1995. Le constat est le même pour les records nationaux du triple saut et de la longueur messieurs avec les 16m76 (1995) de Med Karim Sassi et les 8m01 (1998) d'Anis Glali . Ce qui est encore plus alarmant, c'est qu'entre 2008 et 2010, aucun athlète de l'équipe messieurs n'a été en mesure de battre le moindre record de Tunisie. Au niveau des jeunes (minimes, cadets et juniors), un grand nombre de records nationaux restent aussi inaccessibles. En 2010, non seulement pas le moindre record national seniors n'a été battu, on a aussi relevé la chute d'un seul record chez les juniors par Zied Azizi sur 400m haies , un seul autre record chez les cadets par Med Abbes Dhif au javelot et 10 nouvelles marques chez les jeunes filles cadettes sur sept épreuves (sprint, haies, steeple,lancers et relais). Ghribi et Sbai, seuls compétitifs sur le plan mondial Les athlètes tunisiens encore en possession de records africains ou arabes seniors et juniors se font rares. Seuls Hatem Ghoula détient encore les records africains et arabes du 20km et 50km marche. Habiba Ghribi (3000m steeple) , Monia Kari (disque), Leila Ben Youssef (perche) et Aïda Sellam (javelot) figurent encore dans la tablette des records arabes . Habiba Ghribi (27 ans) 6e mondial en 2009 sur 3000m steeple et Hassanine Sbai (27ans) 10e Mondial en 2010 sur 20 km marche, ont été les seuls athlètes à figurer dans le Top 10 Mondial. Derrière ce duo, le fossé ne cesse de se creuser avec le reste de nos représentants à l'image de Hamdi Dhouibi (29 ans) qui a terminé 96e mondial en 2010 au décathlon avec au passage un abandon aux championnats d'Afrique à Naïrobi. Lors de la double échéance des Jeux arabes et Africains 2011, les places seront chères et les podiums encore plus difficiles à accéder pour nos internationaux.