Pas d'excès dans le traitement de la matière instrumentale, mais seulement de la retenue et de la sobriété dans l'exécution. C'est justement le trait caractéristique de ces solistes napolitains Le concert de mercredi dernier, le 17 mars, au Théâtre municipal, donné par l'ensemble Les Solistes du Théâtre San Carlo, a crevé le ciel tant la finition était particulièrement soignée et le jeu bouillonnant comme une rivière en crue. Cadeau offert pour la section culturelle de l'ambassade d'Italie aux mélomanes tunisois, très nombreux, férus d'opéra lyrique, le concert, d'une profondeur vitale, a entraîné l'auditoire de la Bonbonnière, sélect et trié sur le volet, dans un vertige insolent et intense de sensation et d'émotion, de trouble et d'éblouissement où les notes musicales de la gamme ont joué une symphonie et chanté une sonate hors du temps ; une suite de compositions musicales de Giuseppe Verdi, le chantre de l'indépendance italienne qui a marqué son époque et l'Europe de son romantisme fougueux. Dramaturge d'instinct, G. Verdi (1813-1901) a opposé au germanisme triomphant de Richard Wagner une tradition italienne qu'il hérite de Bellini, Rossini et Donizetti. Son romantisme direct, son sens de la psychologie, la maîtrise dans le Traitement du chœur qu'il manifeste dans son œuvre font de lui la figure incontestée de la musique italienne du XIXe siècle. De Verdi à Puccini En ouverture du concert intitulé «Verdi à Naples», les Solistes du Théâtre San Carlo ont interprété l'unique page de musique de chambre du grand compositeur milanais, Verdi, composée au mois de mars 1873 à Naples ; un quartetto per archi en mi mineur, dans des mouvements allegro, andantino et prestissimo. La soprano Sabrina Messina, accompagnée du ténor Francesco Malepana, Prix Caruso 2004, a interprété des passages de l'opéra Aïda, joué pour la première fois en 1871 à l'occasion de l'inauguration de l'Opéra du Caire. Le duo a également chanté des morceaux de La Traviata de Verdi et un Vincero, tiré de l'opéra Turandot de Puccini. La magnifique chanson napolitaine O'sole mio, reprise par le public, a été bissée et répétée à trois reprises. C'est dans une ambiance de liesse qu'a pris fin ce concert. Les artistes ont fait étalage d'un talent formidable qui en dit long sur les qualités de cet ensemble napolitain, créé en 1980, et qui a eu l'honneur de se produire un peu partout dans le monde. Le talent exceptionnel du ténor, Francesco Malapena, de la soprano, Sabrina Messina, combiné à la virtuosité du violencelliste roumain, Ilie Ionescu, a agi comme par magie sur un public largement conquis qui a manifesté son enthousiasme et son admiration par des applaudissements nourris.