M. Mohamed Nabil Nakache, président du comité constitutif du Syndicat des magistrats tunisiens, a souligné que "la création du syndicat, qui vient en consécration des principes de la démocratie et de l'indépendance de la justice, n'est pas en contradiction avec l'action de l'Association des magistrats tunisiens, compte tenu de la différence quant à la nature et aux objectifs de ces deux instances". Lors d'une conférence de presse tenue, hier, à Tunis, dans le cadre des préparatifs engagés en prévision du premier congrès du syndicat des magistrats tunisiens, prévu le 22 mai, M. Nakache a rejeté "les accusations" selon lesquelles la création du syndicat est destinée à contrer l'Association des magistrats tunisiens. Il a relevé que le bureau exécutif de l'Association des magistrats tunisiens avait approuvé le 5 février dernier la création d'une commission chargée des préparatifs de la création d'un syndicat. Il a indiqué que ceux qui sont à l'origine de ces fausses allégations ne perçoivent pas l'importance de l'action syndicale et "tentent d'accaparer la représentativité des magistrats à des desseins personnels et pour des prétentions politiciennes". Il a ajouté que la campagne accusant de trahison le comité constitutif du syndicat de la part de l'actuel bureau exécutif de l'association est en contradiction avec la déontologie des magistrats. Nécessité d'amender la loi organique Il a, d'autre part, souligné que le syndicat n'a pas de prétentions politiciennes et que la décision de l'associer au comité supérieur pour le contrôle des élections s'inscrit dans le droit-fil des attributions du magistrat, ajoutant que le syndicat avait auparavant exprimé sa pleine et entière disposition à mettre les expertises de ses affiliés parmi les magistrats à la disposition de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique afin de contribuer à l'étude et à l'élaboration des projets de textes relatifs à la réforme politique et de participer à la supervision de l'élection de la Constituante. Pour sa part, la magistrate Raoudha Laâbidi, vice-présidente du comité constitutif du syndicat, a fait observer que l'état des lieux du secteur de la magistrature n'a pas beaucoup changé après la révolution du 14 janvier, à cause de l'article 17 du décret-loi portant organisation provisoire des pouvoirs publics, mettant l'accent sur l'attachement du bureau syndical à veiller à ce que tous les membres du Conseil supérieur de la magistrature soient élus et non désignés et à ce que la présidence de ce conseil ne soit assurée ni par le président de la République ni par le ministre de la Justice. Elle a, en outre, mis en relief la nécessité d'amender la loi organique régissant le corps de la magistrature, appelant à réexaminer plusieurs dispositions relatives à la promotion d'office des magistrats, aux conditions de travail du magistrat et au système de la rémunération qui, a-t-elle dit, est "très médiocre".