Djerba la douce ! Djerba l'île des rêves. Djerba où « l'air est si doux qu'il vous empêche de mourir » ! Djerba l'île d'Ulysse et du Lotophage ! Djerba la muse des poètes et des artistes ayant foulé son sol et le sable fin de ses plages. N'est-ce pas Gustave Flaubert, Guy de Maupassant, Alain Delon et bien d'autres ? André Gide y a croqué à pleines dents les meilleures des « nourritures terrestres ». Le patrimoine de Djerba est unique dans le monde. L'île est une superposition de civilisations qui s'entremêlent avec harmonie et douceur. Plusieurs minorités y cohabitent avec une entente cordiale depuis la nuit des temps. Personne n'est insensible aux charmes de cette île bénie de Dieu. Tout y est beau. Palmiers à la beauté changeante selon la saison. Ici il y en a cinq. Oliviers millénaires racontant mille et une histoires. Mosquées aux lignes aussi pures que la pureté. Lever du soleil côté Lella Hadhria. Coucher du soleil côté Sidi Jmour. Etoiles tellement étincelantes qu'elles donnent l'impression d'être à la portée de la main. Ça brille fort. Très fort. Mais Djerba est malheureusement malmenée. Elle est blessée. Elle est torturée. Elle est agressée par la laideur de ses nouvelles constructions. Est-il concevable de démolir de magnifiques tabias pour les remplacer par des clôtures interminables et hideuses ? Est-il raisonnable de construire avec frénésie un peu partout dans l'île des maisons-mastodontes avec des goûts venus d'ailleurs ? L'île est-elle devenue un simple terrain à bâtir ? L'île est-elle devenue un dépotoir de plastique, surtout sur son flanc ouest ? Il ne faut pas tuer la poule aux œufs d'or. Il faut sauver ce chef- d'œuvre de la nature. J'appelle à l'organisation d'un Grenelle sur Djerba.