La France ne changera pas son fusil d'épaule concernant les clandestins tunisiens qui ont échoué sur ses terres après le 14 janvier. C'est en substance le message délivré par M. Claude Guéant, ministre de l'Intérieur français, qui a affirmé lors de la conférence de presse donnée hier à Tunis : «Les émigrés tunisiens seront rapatriés dans des conditions dignes avec une possibilité d'octroi d'aides au retour», a-t-il affirmé, et on croit savoir que par «conditions dignes», le ministre français sous-entend que ces immigrés recevront une sorte de dédommagement financier avec leur billet retour. Lors de sa visite de deux jours en Tunisie, Claude Guéant a procédé à la signature d'un accord en matière de protection civile ainsi que de deux conventions. La première concerne l'amélioration du dispositif de formation de l'Institut méditerranéen des métiers de la mer. La deuxième est relative à la création d'un centre militaire de formation professionnelle à Gafsa. Mais ce n'était pas l'objet de la conférence d'hier, qui a tourné plutôt autour de la question de l'immigration. Le ministre français a affirmé dans ce sens : «La France n'est pas un pays fermé à l'émigration, elle a accueilli l'an dernier près de 200.000 immigrés. Mais la France souhaite favoriser une émigration régulière et légale dans le cadre bilatéral signé en avril 2008». Oui, mais la France souhaiterait aussi réduire l'émigration régulière, selon des déclarations de Claude Guéant au journal Le Figaro il y a quelques semaines. A cette question, le ministre français à répondu : «Nous ne voulons pas supprimer mais réduire l'émigration légale. La France a une grande tradition d'accueil mais quand il y a des crispations et des malentendus, il est de notre devoir de veiller sur la cohésion nationale». Cette position vis-à-vis de la «réduction» de l'immigration se justifie donc par une sorte de prudence et d'un «grand effort déployé» pour veiller sur une société où toutes les communautés se respectent. «La France a été surprise comme tout le monde par la révolution tunisienne, a déclaré Claude Guéant. Elle s'est réjouie de cette révolution qui a marqué le début du printemps arabe et c'est pour cela qu'elle soutient avec détermination les efforts de transition de la Tunisie vers la démocratie». Un soutien qui s'exprime par l'invitation lancée par le président français à la Tunisie à assister au Sommet du G8 à Deauville. Le ministre français de l'Intérieur n'a pas oublié de parler de la police en évoquant la disposition de la France à aider les Tunisiens pour la formation des policiers et des agents de l'ordre. «C'est un métier difficile que d'être policier, a ajouté le ministre, c'est l'usage légal de la force, mais c'est toujours l'usage de la force. C'est pour cela qu'il y a des réflexes et un savoir-faire à acquérir. La grande question en France par exemple a été longtemps celle de la déontologie des forces de l'ordre».