Aux dernières nouvelles, les chefs des structures commerciales de l'Office national de la Poste (bureaux de poste, agences de colis postaux, rapid-poste et centres de distribution), ont rejoint l'Union des Travailleurs de Tunisie (UTT) créée récemment par l'ancien secrétaire général de l'Ugtt, Ismaïl Sahbani. Quelques semaines auparavant, c'était le syndicat des médecins hospitalo-universitaires qui décidait de quitter l'Union générale tunisienne du travail. La prestigieuse centrale syndicale est-elle dans la tourmente? Commence-t-elle à perdre la confiance des salariés ? Est-ce en rapport avec les mouvements de grèves et des sit-in observés un peu partout dans le pays. Dernier en date,le nouveau sit-in observé par les agents de Tunisie Télécom depuis le 10 mai 2011. Principale pierre d'achoppement : la mise en application de l'accord conclu entre Tunisie Télécom et la Fédération générale des postes et des télécommunications (Fgpt). Plus précisément, le blocage se situe au niveau de l'application de l'article 10 de l'accord relatif à l'arrêt des contrats de durée déterminée (CDD) intéressant plus de 64 cadres qui, selon le secrétaire général de la Fédération, percevraient des " salaires faramineux " (entre 4.000 dinars net par mois à 24.000 dinars durant 15 mois auxquels vient s'ajouter la prime d'incitation soit deux mois de salaires). Autre écueil rencontré,le partenaire de Tunisie Télécom, Emirats International Telecommunication LLC " EIT " qui détient 35% des actions de l'entreprise,avait rejeté la proposition de licenciement des contractuels tel que stipulé par l'accord précité. Organisé pour la troisième fois depuis le 14 janvier dernier, le sit-in,cette fois-ci ouvert, dont le mot d'ordre a été lancé par la Fgpt ne constitue-t-il pas une menace pour l'avenir de TT qui évolue dans un climat de vive concurrence ? La démission du premier et du second P-d.g. à la tête de TT ne secoue- t-elle pas l'entreprise par des turbulences financières et économiques? Il semblerait qu'aucun argument n'est assez valable pour faire revenir le syndicat sur sa décision de continuer son action de protestation. Il apparaît aussi que les sit-inneurs ne sont pas conscients des enjeux d'une telle démarche revendicative. Car aussi légitimes soient-elles, des revendications appelant à"nettoyer" l'entreprise d'une soixantaine de contractuels auraient-elles des conséquences directes sur les 8.500 employés de TT? Cette revendication, bien que fondée, justifierait-elle l'organisation d'un sit-in ouvert ? A la limite, ce dossier pourrait être soumis à l'examen de la commission nationale d'investigation sur les affaires de malversation et de corruption qui statuerait sur l'affaire et pourrait traduire les responsables d'abus dans cette affaire devant la justice. Mais existe-il un vrai débat sur la question au sein même du secteur ? Des revendications qui sortent du cadre habituel de l'action syndicale, c'est-à-dire la défense des intérêts matériels des salariés, leurs conditions de travail, leurs promotions n'aboutissent-elles pas à une impasse ?Elles sous-tendraient des enjeux extrasyndicaux et finalement politiques… ?En tout cas, on ne peut taire le désarroi que vivent certains des employés du premier opérateur qui, à travers une page sur le réseau social facebook ayant pour titre " Non à la dilapidation de TT-La majorité silencieuse ",postent leurs commentaires sur la situation floue que connaît l'entreprise. Les avis sont partagés sur le bien-fondé d'un troisième sit-in en moins de cinq mois. Ils sont toutefois unanimes face à la chute libre d'une entreprise qu'ils chérissent tant ,et ce, au grand bonheur des opérateurs concurrents à l'affût de toute défaillance.L'opérateur historique risque fort d'ailleurs pour réparer les pots cassés. Le report de la mise en fonction du 3G annoncé au départ pour le 31 mai en est un simple exemple. Cela sans compter l'incompréhension d'une clientèle de plus en plus mécontente face à des intérêts touchés et pouvant être chiffrés en millions Pour la centrale syndicale, des commentaires du style " Comment échapper aux griffes de l'Ugtt ?" ou encore " Créons une nouvelle section syndicale de l'UTT semblable à l'initiative des postiers " devraient amener la fédération à penser sérieusement à tenir compte des opinions de ses adhérents. A méditer ! Slaheddine