Un dirigeant du principal mouvement de l'opposition chiite bahreïnie Al-Wefaq a estimé mercredi que les lourdes peines de prison prononcées contre des opposants chiites n'aidaient pas au dialogue national, prévu début juillet pour relancer le processus de réformes. La condamnation à la perpétuité de huit opposants chiites "ne s'accomode pas avec un processus de dialogue", a déclaré Khalil al-Marzouk, député démissionnaire du Wefaq, dont les propos lors d'une conférence de presse dans la capitale Manama ont été mis en ligne par le Wefaq. Un tribunal spécial a rendu dans la matinée son verdict dans le procès de 21 personnes, dont les huit opposants, accusés d'avoir tenté de renverser la monarchie au Bahreïn lors du mouvement de protestation maté à la mi-mars par les autorités. Ce verdict intervient à quelques jours du lancement début juillet d'un dialogue national proposé par le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa pour relancer le processus de réformes politiques. "Nous nous étions félicités de l'appel du roi à un dialogue sérieux et fructueux et en principe nous y sommes toujours favorables (...) mais il n'y a pas encore de décision officielle du Wefaq de participer ou pas" à ce dialogue, a déclaré M. Marzouk. "Je ne crois pas qu'il y ait une volonté sérieuse de règlement politique de la crise au vu du climat actuel et des circonstances des procès" en cours au Bahreïn, a-t-il cependant ajouté. "Y a-t-il un climat de dialogue lorsqu'on condamne à la prison à vie ceux qui appellent au changement et aux réformes ?", a demandé M. Marzouk, qui était le chef du bloc parlementaire du Wefaq, formé de 18 élus qui avaient démissionné pour protester contre la répression du mouvement de contestation. La justice bahreïnie juge depuis des semaines de nombreux activistes ainsi que d'autres personnes pour leur participation à la contestation. Des journalistes sont jugés pour propagation de fausses nouvelles et des médecins et infirmiers pour soutien actif aux manifestants. La vague de protestation populaire, animée essentiellement par les chiites, majoritaires au sein de la population locale, et sa répression ont fait entre la mi-février et la mi-mars 24 morts, selon Manama.