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Le sport féminin comme vecteur d'intégration sociale
Béni M'tir — Gouvernorat de Jendouba
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 06 - 2011

Dans le cadre de sa nouvelle politique de décentralisation de ses activités pour une présence accrue dans les régions de l'intérieur, le ministère des Affaires de la femme en collaboration avec le ministère de la Jeunesse et des Sports a organisé, avant-hier, un séminaire au centre de stage de Béni M'tir dans le gouvernorat de Jendouba sous le thème : «Le sport féminin à l'heure de la démocratie».
Mme Lilia Laâbidi, ministre des Affaires de la femme, lors de son allocution, en présence du gouverneur de Jendouba M. Béchir Kthiri, a donné la déclaration suivante : «Cette visite nous a offert l'occasion d'entrer en contact avec les femmes de la région et connaître leurs différents problèmes ainsi que leurs attentes. En effet, ce séminaire s'inscrit dans l'optique de nos efforts pour une nouvelle culture de décentralisation de telles activités. Comme l'atteste le thème de ce séminaire qui englobe plusieurs sujets : politiques, culturels, sociaux etc… D'autre part, il faut toujours rappeler que le sport et la culture sont d'excellents vecteurs d'intégration de la femme dans la société».
Toujours selon Mme Laâbidi, le ministère est conscient que la formation dans le domaine du sport féminin tant au niveau de la pratique que de la gestion sportive fait encore défaut dans beaucoup de régions de l'intérieur du pays : «Notre département encourage le lancement, dans cette région, de centres de sports et de loisirs. Comme vous l'avez constaté, on s'est toujours associé au ministère de la Culture, car on croit toujours que l'évolution de la femme passe par un épanouissement culturel. Il y a aussi le dossier des personnes âgées qui reste aussi l'une de nos priorités, car toute personne âgée, incarne à elle seule notre mémoire vivante».
Concernant le volet développement régional et femmes, Mme la ministre a indiqué que dans le cadre de la coopération tuniso-chinoise, le gouvernement chinois a accordé des aides en faveur des jeunes femmes désireuses d'initier des projets notamment dans le domaine de l'artisanat : «On a reçu des fonds chinois et des produits de peinture sur soie et sur verre. Et on attend les dossiers des projets des candidats pour les financer. Parallèlement, notre département va aussi assurer le financement de la formation pour les jeunes femmes qui ont interrompu leurs études». Rappelons que le ministère des Affaires de la femme comme l'a mentionné Mme Laâbidi, dispose d'une enveloppe de 400 millions de dinars (le budget du ministère).
Femmes sportives : halte au harcèlement sexuel
Il reste à signaler que ce séminaire a été ponctué par 11 interventions scientifiques qui ont traité plusieurs thèmes tels que : «La femme dirigeante sportive : état des lieux», «Le sport et les personnes âgées», «L'accès des femmes aux postes de décisions dans les organisations sportives», «La femme, le sport et la santé», «Lancement des microprojets dans le domaine sportif : salles de sports et de loisirs» etc. Mais, de loin, l'étude empirique sur «le harcèlement dans le sport féminin tunisien» présentée par Pr. Imen Ben Amor (L'Institut supérieur du sport et de l'éducation physique de Sfax) a retenu l'attention des présents vu que ce sujet «tabou» n'a jamais été traité sous nos cieux. Cette étude extraite de la thèse de doctorat du professeur Ben Amor a pointé du doigt les différentes formes d'harcèlement (moral et sexuel) qu'ont subies certaines athlètes des différentes équipes nationales féminines des sports individuels (lutte, gymnastique, haltérophilie, etc.) et ce à travers des témoignages de ces dernières sous le sceau de l'anonymat. Selon Pr. Ben Amor, ces pratiques sont très courantes dans les sports dits de contact. «En Tunisie, le phénomène semble peu dénoncé par nos femmes sportives et passe dans la plupart du temps sous le couvert de la loi du silence (l'attitude de la «sourde muette»), car l'athlète craint toujours la réaction de son entourage. Elle est tout le temps entre l'enclume (la réaction de ses proches et de sa famille) et le marteau (la réaction de son harceleur). Par exemple : l'âge de l'athlète féminine et ses performances sont de loin l'une des sources de harcèlement moral qui s'exerce sous forme de pressions exercées par l'entraîneur ou le staff technique. Ainsi le harcèlement sexuel et/ou moral est une affaire d'abus de pouvoir dans la plupart du temps».
Un constat alarmant comme l'attestent les propos de Mme la ministre : «Plusieurs athlètes et sportives dans le domaine du sport féminin ont été victimes d'harcèlement sexuel. A cause de ces actes, certaines finissent par interrompre leurs carrières d'une manière prématurée et de ce fait priver notre pays de chances de médailles. Certes, il n'y a pas suffisamment de recherches et de publications sur ce sujet. Et c'est au Credif de prendre ses responsabilités sur ce sujet».
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Ils nous ont dit
Mouna Ghidhaoui (chargée de la cellule «Economie solidaire» au sein du ministère des Affaires de la femme) : «Notre cellule a comme tâches l'appui par le biais de mécanismes de financement la création de microprojets sous le couvert de l'économie solidaire. Ce programme a débuté après le 14 janvier 2011. Pour le moment, notre programme a appuyé des microprojets dans les régions suivantes : Sejnène (Gouvernorat de Bizerte), Tozeur, Zema (gouvernorat de Siliana), Tataouine et le Kef. Et aujourd'hui, on est venu ici pour encourager le lancement de microprojets dans le domaine sportif : centres ou salles de sports et de loisirs».
Sana Bellali (25 ans, animatrice d'enfants) :
Alerte à la précarité
«Je suis venue aujourd'hui à ce séminaire avec mes collègues pour parler de notre situation avec Mme la ministre. En effet, nous sommes des contractuelles avec l'association «Amis d'enfants» et on travaille dans le club d'enfants de Beni M'tir. Notre contrat qui est d'une durée de 3 ans stipule que chaque animatrice doit percevoir 500 dinars tunisiens, alors que depuis qu'on a intégré ce poste on ne touche que la moitié (250DT). Le meilleur reste à venir, après les 3 ans, notre contrat est prolongé de 2 ans (avec la fameuse interruption, entre-temps, pour noyer nos chances de titularisation après les 4 ans). Et durant les deux ans de prolongation mes collègues qui ont entamé cette prolongation ont vu leurs salaires se réduire à 125DT/mois. Pis encore, il leur arrive de percevoir uniquement deux salaires (250DT) après 5 mois de travail. Et après les pseudos 5 ans de contrat, on n'a aucune garantie pour continuer à exercer notre travaille. Aucune promesse de renouvellement de contrat n'a été exprimée par la direction de l'association. Et notre avenir reste flou et inconnu. On lance un appel solennel à Mme la ministre pour régler notre situation. Notre souci n'est pas le salaire amputé de moitié mais plutôt notre avenir incertain»
Chokri Ghazouani (professeur principal et animateur dans la région) :
Penser à la femme rurale
« Je salue cette belle initiative du ministère des Affaires de la femme, car le sport féminin est un volet très important dans la nouvelle Tunisie. Toutefois, ces derniers temps, on a beaucoup parlé de la volonté des autorités d'encourager la pratique de sports qui n'ont rein à voir avec la réalité du terrain dans la Tunisie des terroirs tels que : le sky et la natation. A mon avis, je pense qu'il faut plutôt penser à lancer des activités sportives et surtout pour la femme rurale qui sont en étroite relation avec les infrastructures déjà présentes dans les régions. D'autre part, il faut analyser les différentes difficultés et obstacles qui bloquent la promotion de ce genre de sport dans le fin fond du territoire tunisien et approfondir les recherches autour des mécanismes visant à promouvoir le sport féminin dans les régions. Primo, il faut élever le niveau de vie des gens dans ces zones. Secundo, mettre en place des infrastructures d'une manière équitable entre les différentes régions et surtout dans les bourgades rurales où il y a de fortes concentrations de populations. Enfin, encourager la femme à pratiquer des activités sportives à travers le renforcement du sport dans les écoles et les clubs ruraux».
Mongi Touati (Délégué régional des sports à Jendouba) :
Pour une distribution équitable des subventions
«Tout d'abord, on salue cette initiative. Certes les interventions durant ce séminaire étaient très intéressantes même si certains chiffres et statistiques énoncés restent très approximatifs et loin de la réalité. Seul bémol, c'est que pour une demi-journée, il y avait beaucoup d'interventions. Ce qui est trop à mon avis. On aurait aimé que ce séminaire se déroule sur 2 jours. Toutefois, j'ai beaucoup apprécié la présentation de l'étude sur le harcèlement sexuel dans le sport féminin en Tunisie. C'est un sujet très intéressant et qui mérite beaucoup d'attention. D'autre part, j'ai remarqué que les représentants du ministère des Affaires de la femme et les différents intervenants n'ont pas une idée sur l'état des lieux du sport féminin au gouvernorat de Jendouba. En effet, les Associations sportives féminines et les sections de sport féminin sont victimes d'un partage inégal et inéquitable des subventions dont bénéficient les équipes sportives dans les régions. Je m'explique, à Jendouba, on dénombre 2 associations sportives féminines : l'Association sportive de Jendouba et l'Association sportive de la maison de jeunes de Aïn Draham (qui bénéficient chacune d'une subvention de 8350 dt). Et on a 7 autres associations qui présentent des sections féminines telles que : l'Association militaire de Jendouba, l'Aigle sportif de Bouaouane et le Club sportif jendoubien (qui forment à eux deux l'ossature de l'équipe nationale de boule et comptent dans leurs effectifs des championnes du monde dans cette discipline), ces deux équipes, pour la saison 2010-2011, reçoivent chacune une subvention de 1750dt. Tandis que la section de boxe féminin «Ezzitouna sportive de Blata», qui bénéficie du mécanisme de subvention «Contrat-Programme» jouit d'une subvention qui tourne autour de 5000 dt (pour toutes les sections). Il faut signaler que ces boxeuses, exercent leur noble art dans la forêt c'est-à-dire dans la nature et ne possèdent pas de ring d'entraînement. Quant aux sections de volley-ball féminin de l'E.S. Ghardimaou, de l'Epine sportive de Jendouba et de la Mouledia de Boussalem, ces dernières ne reçoivent aucun millime des subventions allouées par le gouvernorat et la mairie. Ce qui conduit ces sections à accuser chaque année une baisse dans le nombre de leurs licenciées. Juste un chiffre, pour conclure, dans le gouvernorat de Jendouba, on compte 2867 de licenciés dont 572 de sexe féminin (19,95%)»
Karima (27 ans, une jeune de la région) :
De l'égalité entre toutes les femmes
«Je lance un message au gouvernement provisoire et plus précisément à M. le Premier ministre : Avant de penser à la parité entre l'homme et la femme dans les listes électorales, je pense qu'il faut tout d'abord assurer l'égalité des chances entre la femme rurale et la femme des grandes villes. La femme rurale souffre de machisme, et elle assure à la fois plusieurs tâches dans son quotidien entre tâches ménagères et culture de la terre. Sans oublier qu'elle souffre toujours d'analphabétisme récurrent. Juste pour vous dire, dans notre région, et dans plusieurs familles, au lieu d'aller travailler sa terre, l'homme préfère rester chez soi dans l'inactivité et pousse sa femme à aller travailler à sa place dans les champs. La femme rurale à Jendouba est une combattante. Il est temps de pointer du doigt ce mal qui gangrène notre société. Car tout simplement il s'agit d'une nouvelle forme d'esclavage»
Propos recueillis par A.A.H.


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