Le mois saint approche à grands pas. La maison d'Erlanger en a donné le signal. A Ennejma Ezzahra, ce coin à la fois poétique et propice au rêve et à la méditation, Faouzi Ben Gamra s'est, en effet, offert vendredi dernier, une escapade spirituelle. Près de deux heures durant, le chanteur a accompagné son public pour un voyage dans le répertoire du chant liturgique. D'ailleurs, l'intitulé du spectacle en est assez révélateur. "Divertissement de l'âme" laisse entendre que l'âme a toujours besoin de se nourrir de la croyance pour maintenir son équilibre. Allahoma salli âla'l Moustafa (Dieu, priez sur le Prophète), Ibda besme'l Lah (Commence par le nom de Dieu), Halima ya Halima : ce bouquet de chants religieux, finement interprétés par Ben Gamra, a manifestement suscité l'émerveillement de l'assistance face à une belle voix qui ne cesse de se confirmer dans ce genre musical qui lui est devenu spécifique. Paroles et mélodies ont donc rimé, amenant l'âme à quitter, dans des envolées lyriques, ce bas monde pour planer dans les cieux d'un autre univers encore plus vaste, encore plus mystérieux ; celui du mysticisme, bien entendu. Que de moments d'extase pour un public, hélas, peu nombreux, qui a pu savourer des mélodies pures touchant l'âme et l'esprit. L'émerveillement a atteint son apogée avec l'interprétation de Choft eddonia alwan alwan (J'ai vu la vie sous différentes couleurs). Un bel extrait de son nouvel album où la délicatesse de la note s'allie à la beauté des textes où sont prêchées les grandes valeurs, dont la nécessité de se méfier de ses propres faiblesses d'être humain. Voilà un spectacle qui a laissé de bonnes impressions, mais qui n'a, toutefois, pas effacé un sentiment d'inachevé dû à un décor fade et à une répartition défaillante de l'espace.