• «La parité hommes-femmes, une initiative qui renforce la place progressiste de la Tunisie en termes de protection des droits de la femme», souligne Mme Pillay Un accord siège pour l'ouverture d'un bureau national du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (Hcdh) à Tunis a été signé, hier, par le ministre des Affaires étrangères Mouldi Kéfi et le haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, Navanethem Pillay. L'ouverture de ce bureau, le premier en Afrique du Nord,vient concrétiser la volonté commune de promouvoir la coopération pour une réelle consécration des droits de l'Homme, a affirmé M. Kéfi. "Nous sommes plus que jamais déterminés à tenir nos engagements internationaux de respect des valeurs démocratiques partagées par l'humanité et d'appliquer les principes de la Charte onusienne et de la Déclaration universelle des droits de l'Homme", a affirmé M. Kéfi. "La Tunisie est déterminée à mettre en place un dispositif global qui rompe définitivement avec toutes les formes d'oppression et de dictature, et avec les méthodes de l'ancien régime", a-t-il encore soutenu, mettant l'accent sur la conjugaison des efforts du gouvernement, de la société civile, des médias. Mme Pillay a, de son côté, souligné que la Tunisie a entamé un processus difficile pour l'instauration de l'Etat de droit, du respect des droits humains et de l'égalité, en réponse à la volonté du peuple descendu dans la rue pour exiger liberté, justice et bonne gouvernance. La concrétisation de ces aspirations légitimes, a-t-elle estimé, nécessite de franchir plusieurs étapes. "Le gouvernement doit d'abord faire la lumière sur les crimes et dépassements passés et traduire les auteurs d'exactions et de violations des droits de l'Homme devant la justice, en activant, notamment, les mécanismes de justice transitionnelle", a-t-elle expliqué. Un dialogue national doit être établi, a-t-elle préconisé, pour rendre justice aux victimes et restaurer la dignité des personnes dont les droits ont été bafoués. Le Haut commissaire a, en outre, mis en exergue l'importance d'assurer une large participation publique à l'élaboration des grandes lignes de réformes dans le pays, afin de garantir le respect par toutes les institutions de l'Etat, y compris la sécurité et la justice, des droits des Tunisiens. Edifier des institutions démocratiques et ouvrir tous les espaces au débat public sont des éléments essentiels pour rendre la réconciliation nationale possible et durable, a-t-elle encore affirmé. Le mouvement de protestation en Tunisie a encore une fois montré que les violations des droits — économiques, culturels, politiques et civils — sont intrinsèquement liées et produisent inévitablement une réaction en chaîne, a-t-elle indiqué. Le Haut commissaire a, dans ce sens, estimé que "Le succès de la transition démocratique n'est possible que si elle est accompagnée de progrès économiques et de justice sociale, tout en garantissant la liberté d'expression, la libre participation à la vie politique et la tolérance de la diversité". Elle a, par ailleurs, salué les récentes ratifications, par la Tunisie, d'instruments internationaux majeurs comme le Statut de Rome pour la Cour pénale internationale, la convention contre les disparitions forcées ou encore l'accord facultatif de la convention contre la torture. "J'applaudis la récente décision de garantir la parfaite parité des genres décidées pour les listes des prochaines élections", a-t-elle également déclaré, relevant que "la Tunisie est le premier pays arabe, si ce n'est le premier au monde, à décider une telle mesure" et que "cette initiative vient renforcer la place progressiste avant-gardiste de la Tunisie dans la région en termes de protection des droits de la femme". Mme Pillay a, par ailleurs, exprimé sa considération à "l'hospitalité tunisienne exemplaire à l'égard des réfugiés libyens" qui reflète, a-t-elle dit, "l'incroyable générosité de ce grand pays et de son peuple". "Avec la sagesse, la patience et la persévérance qui distinguent la Tunisie, votre transition va certainement être couronnée de succès", a conclu la Haut Commissaire aux droits de l'Homme, réaffirmant que son équipe se tient à la disposition de la Tunisie pour la soutenir et renforcer la coopération en vue de permettre aux Tunisiens de prospérer dans la dignité, la liberté et le respect des droits. La cérémonie s'est déroulée en présence, notamment, de la ministre de la Femme Lilia Labidi, du président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme Mokhtar Trifi, du président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections Kamel Jendoubi, du président de la Commission d'établissement des faits sur les abus Taoufik Bouderbala et du directeur du bureau du Hcdh en Tunisie Joseph Schekleh.