Le Conseil national de transition (CNT) a installé hier ses "ambassadeurs" en France et en Grande-Bretagne, les deux pays en pointe dans l'opération militaire contre le régime de Mouammar Kadhafi, qui confèrent ainsi à la rébellion une légitimité politique accrue. A Paris, Mansour Saif Al-Nasr, 63 ans, a indiqué avoir présenté hier sa "lettre de nomination" au ministère français des Affaires étrangères, précisant avoir été nommé "représentant en France du CNT", l'instance représentative de la rébellion anti-Kadhafi, le 9 juillet. Il a précisé que des démarches étaient en cours pour "avoir les clés de l'ambassade". Les derniers diplomates libyens avaient été expulsés de France début mai. Mansour Saif Al-Nasr, qui a quitté la Libye en 1969, a été membre de la Ligue libyenne des droits de l'Homme et du Front national pour le salut de la Libye, mouvement d'opposition en exil. Il a notamment vécu au Tchad et aux Etats-Unis pendant vingt ans. Le ministère des Affaires étrangères s'est refusé hier à tout commentaire sur cette prise de fonctions. La France, qui a été le premier pays à reconnaître le CNT et Paris, considère désormais que cet organe est "seul titulaire de l'autorité gouvernementale" libyenne. Une reconnaissance également exprimée par Londres mercredi dans des termes similaires, qui a débouché sur l'annonce hier de la nomination par le CNT de Mahmud Nacua, un écrivain et intellectuel de 74 ans. "Le CNT a nommé un ambassadeur pour reprendre les affaires diplomatiques", a déclaré Guma Al-Gamaty, coordinateur en Grande-Bretagne pour le CNT, lors d'une conférence de presse au ministère britannique des Affaires étrangères. Comme Mansour Saif Al-Nasr, Mahmud Nacua vit hors de Libye, "depuis presque 32 ans" quant à lui. "Il est impliqué dans l'opposition depuis les années 1980", a ajouté Guma Al-Gamaty. La Grande-Bretagne a expulsé de l'ambassade libyenne à Londres tous les diplomates pro-Kadhafi après avoir reconnu comme seul "gouvernement légitime" en Libye le CNT mercredi. "C'est un pas important. Mieux vaut tard que jamais mais c'est un message clair au peuple libyen et à Kadhafi", a commenté Guma Al-Gamaty. Londres avait déjà congédié l'ambassadeur Omar Jelban il y a trois mois. Mi-juillet, les puissances mondiales et régionales réunies au sein du groupe de contact sur la Libye avaient pleinement reconnu la rébellion, permettant ainsi de lui apporter l'aide financière qu'elle réclame pour combattre le régime de Mouammar Kadhafi. Après cinq mois de combats, et une intervention militaire sous le commandement de l'Otan menacée d'enlisement, la France et la Grande-Bretagne ont suggéré ces derniers jours que le colonel Kadhafi pourrait être autorisé à rester dans le pays, à condition qu'il abandonne toute responsabilité politique et militaire.