Chapeau, lunettes solaires, mouchoir à la main et redingote aux tons bleus, comme tout bluesman qui se respecte, John Lee Hooker Junior fait son entrée sur scène du Barcelo à Gammarth, tiré à quatre épingles. Il entame son concert du dimanche dernier, à l'occasion du 3e festival «Jazz à Carthage» par une danse endiablée loin, loin… de laisser le public indifférent. Contrairement à Hooker Père, le mythique bluesman qui, lui, s'assied sur une chaise pour égrener en musique ses «idées noires» pendant des heures, Hooker Fils s'avère être un vrai showman, dansant, gesticulant, arpentant la scène du début jusqu'à la fin du concert, il réussit à séduire en assurant pleinement : l'assistance le lui rend bien par des applaudissements nourris. Accompagné par un orchestre performant de quatre musiciens, un batteur, un guitariste, un bassiste, et un organiste, Hooker junior a interprété ses plus belles chansons : There's Struggle, Dimples, Blues Ain't Nothing But A Pimp… ainsi que des standards du blues tel Stormy Monday. Il a revisité également des «classiques» de son père à l'exemple de Boom Boom Boom, hélas de manière furtive. Tous ces airs de blues s'inscrivant dans la lignée du blues traditionnel sont enrichis par Hooker Junior de nouvelles sonorités funky, R and B, Jazzy. Les thèmes, eux, évoquent des sujets reflétant les choses et les problèmes de la vie. L'ensemble reflète la touche personnelle du chanteur à cette musique séculaire ayant influencé toutes les expressions musicales populaires américaines. Ce bluesman qui s'initia au blues dès son plus jeune âge quand il se produisit pour la première fois à huit ans dans une émission de radio et dans des concerts aux côtés de son père aujourd'hui disparu, montre encore et toujours qu'il demeure sur les traces paternelles, malgré les errements et une certaine stagnation dans sa carrière, car il est si difficile de s'épanouir à l'ombre des grands arbres. L'on comprend donc que sa carrière discographique démarre relativement tard, également après la mort de son père, puisqu'il sort son premier album en 2004 : Blues with a vengeance, suivi de Cold as ice en 2006 et le dernier All odds against me en 2008, qui signifie «tout contre moi» et dans lequel il exprime son blues s'inspirant de son expérience tourmentée : alcool, drogue, prison. Tous ces albums, Hooker Junior les a dédicacés à la fin de son concert, pour le moins swinguant, à tous les fans qui en ont fait l'acquisition. Pour tous ces amoureux du blues, c'était comme la cerise sur le gâteau.