Par Mondher BEN CHEDLI * La préparation du vote du 23 octobre bat son plein et toutes les composantes de notre société prennent de plus en plus conscience de la portée historique de l'événement Le peuple tunisien, à travers toutes ses forces politiques, ses personnalités agissantes, sa jeunesse créative et toute la société civile a su se donner les moyens d'avancer et de maîtriser le processus de transition vers la démocratie, le progrès et la modernité. Les premières étapes ont été franchies avec une accélération sans précédent de l'histoire. Les structures de transition mises en place ont fonctionné intensément sans grands faux pas. Ceci, aussi bien sur le plan des institutions que de l'organisation des pouvoirs. Au niveau politique, économique et social, les choses sont beaucoup moins heureuses, et il faut se garder d'ignorer les dégâts et les secousses qui continuent d'ébranler le socle politique et social de notre pays. Les institutions transitoires : présidence de la République, gouvernements successifs, commissions de sauvegarde de la révolution, instance pour les élections ont abattu un travail juridique et institutionnel extraordinaire que l'histoire retiendra comme le facteur primordial de la réussite de la transition démocratique. Toutes ces structures ont fait preuve, malgré les diverses attaques, d'une maturité démocratique certaine et se sont montrées à l'écoute permanente de l'opinion publique. Le report de la date de clôture des enregistrements, du 2 au 14 août, en est la plus récente manifestation, à mettre à l'actif de l'Isie et de son président, M. Kamel Jendoubi. Mais de nouveaux efforts sont à faire pour maitriser le processus électoral car la nouvelle date fixée ne permettra pas d'atteindre un nombre acceptable d'inscrits. A notre sens, il ne serait pas admis pour un pays comme la Tunisie, avec une population cultivée, administrativement bien structurée, et pour un événement de cette importance, de ne pas atteindre le taux de 80% d'inscrits. Par ailleurs, il faut penser aux candidats, qui seront cette fois-ci des milliers, répartis sur des centaines de listes, dont il faudra traiter les dossiers dans la sérénité en limitant au maximum les contestations, fondées ou infondées. Il est donc impératif de songer à engager les deux taches en parallèle : Enregistrement des électeurs : cette opération devra être poursuivie le plus tard possible et pourquoi pas jusqu'à la veille du vote, en la transformant en une campagne de mise à jour des coordonnés des électeurs (adresse, date d'émission de la CIN…) et d'autre part en faire une période de mobilisation débouchant sur un véritable carnaval de citoyenneté dans chaque région. Candidature : il faut ouvrir immédiatement la campagne de présentation des candidatures en avançant leur date de dépôt ; pourquoi attendre le 1er septembre ? Ce temps précieux, ainsi gagné, est beaucoup plus important que le respect pointilleux des procédures ; il n'y a plus de temps à perdre. La démocratie électorale en sortira renforcée. Une campagne d'explication publique des procédures de présentation des candidatures est nécessaire ; il faut prendre le temps nécessaire pour traiter avec soin les milliers de dossiers de candidature, lesquels sont soumis à de nombreux critères. Campagne électorale : la préparation de la campagne nécessite un travail énorme. Elle comporte ainsi: - Choix des sigles et des couleurs pour chaque liste. - Répartition des temps d'antenne dans les medias entre les tètes des listes. - Affichage sur les panneaux officiels. - Financement par l'Etat. - Accréditation des observateurs proposés par chaque liste. Il nous semble évident que la durée qui a été affectée a cette tâche est insuffisante et doit être allongée, et ce, en appelant tout de suite au dépôt des candidatures. Pour mener à bon port le processus électoral et accoster dans les meilleures conditions, loin des tempêtes et des récifs dangereux, il faut agir simultanément sur tous les fronts.Enfin, tous les partis politiques et tous les acteurs de la société civile sont appelés à se mobiliser d'une manière totale pour non seulement faire réussir les élections du 23 octobre mais en faire une fête nationale de la démocratie, de la liberté et de la tolérance.