Une conférence de presse s'est tenue hier au siège de l'ambassade américaine, qui intervient quelques jours à peine après le retour du Premier ministre des Etats-Unis, où il a passé cinq jours, et à la veille d'une visite qu'il doit effectuer à Benghazi. Rappelons, comme n'a pas manqué de le faire l'ambassadeur, M. Gordon Gray, lors de la conférence de presse, que cette visite à Washington est la première d'un homme d'Etat arabe depuis le déclenchement de ce qui est désormais appelé le «Printemps arabe». Des délégations américaines se sont succédé en Tunisie depuis le 14 janvier, qui mêlaient des représentants du monde politique et du monde des affaires. Une rencontre a également eu lieu entre la secrétaire d'Etat Hillary Clinton et le ministre des Affaires étrangères M. Mouldi Kéfi. L'ambassadeur a entamé sa conférence en rappelant les nouveaux engagements des Etats-Unis aux côtés de la Tunisie, engagements qui sont au nombre de quatre : premièrement, le retour des Corps de la Paix dès l'année prochaine, avec celui de ses bénévoles dont la mission sera axée sur l'enseignement de l'anglais et le développement des compétences des jeunes. Deuxièmement, la «participation de la Tunisie au programme de la Société du compte du millénaire (MCC)», qui est censée aider la Tunisie à «élaborer des réformes susceptibles de conduire à une croissance accélérée et de créer des emplois». Troisièmement, et sous réserve de l'autorisation du Congrès, précise l'ambassadeur, «le gouvernement des Etats-Unis se propose d'assurer des garanties de prêts moyennant un coût budgétaire de 30 millions de dollars». Mesure qui, en définitive, est censée permettre à la Tunisie d'emprunter sur les marchés internationaux à des taux réduits. Enfin, quatrième engagement : il concerne l'établissement d'un fonds d'entreprise destiné à «assurer des fonds de démarrage à l'appui du secteur privé», et en particulier aux petites et moyennes entreprises. Ce qui correspond également à des opportunités de partenariat. Ces programmes, ajoute M. Gordon Gray, s'ajoutent à d'autres qui précèdent, et en particulier celui annoncé par la Société de promotion des investissements privés à l'étranger (Opic), où il s'agit pour le gouvernement américain de mettre deux milliards de dollars sur la table en faveur des investissements privés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. En outre, des discussions ont eu lieu lors de la visite de M. Béji Caïd Essebsi qui portent sur la relance des discussions concernant l'ouverture d'un espace de libre-échange entre la Tunisie et les Etats-Unis. D'autres rencontres ont eu lieu, rappelle l'ambassadeur, qui ont permis au Premier ministre de parler avec le directeur général de la Banque mondiale, des représentants des deux chambres et autres hauts responsables. M. Gordon Gray a conclu son propos en évoquant l'échéance prochaine des élections et en déclarant : «Le peuple américain veut vraiment aider». Précisant que les Etats-Unis ne soutiennent aucun parti, mais un processus, qui est lui-même de nature à renforcer les opportunités économiques. Il reviendra d'ailleurs sur ce point en répondant aux questions des journalistes qui s'interrogent sur la question de savoir si le soutien des Etats-Unis est conditionné par la nature des résultats des élections : «Ce n'est pas aux Américains de décider qui les Tunisiens veulent choisir... Nous traiterons avec le pouvoir qui aura été élu démocratiquement». M.Gordon Gray a également eu à s'expliquer sur le fait que, malgré le fort engagement économique annoncé, il n'y avait pas grand-chose de concret sur le terrain : «Il y a toujours un délai, a-t-il dit, entre le moment de l'exploration et celui de la signature». Il a rappelé que le gouvernement américain ne pouvait pas agir à la place du secteur privé, mais seulement mettre en place des outils d'encouragement. Les programmes annoncés relèvent de cette démarche. Enfin, sur le lien qui existe entre la visite du Premier ministre à Washington et la situation politique en Libye, l'ambassadeur américain a répondu par la réserve...