Le Centre national d'art vivant de Tunis (Belvédère) accueille, depuis le 7 octobre, l'exposition de photographies de la collection de la Fondation Kamel Lazâar pour l'Art et la Culture. Voilà une belle collection d'œuvres disparates et hétéroclites, dont la majorité sont en noir et blanc, qui témoignent de différentes sensibilités et approches regroupées dans cette exposition intitulée "Photographies contemporaines en Tunisie". Contemporaine, car évoquant de nouvelles appréhensions du matériau photographique et s'affranchissant de toute tendance représentative. A chacun sa manière, à chacun son angle de vue, ces artistes de tous bords, toutes générations confondues, mettent nos yeux et notre perception à l'épreuve. Il y a Marianne Catzaras qui présente avec ses imposants clichés numériques en noir et blanc, «l'olivier», «le Passage», «Mahdia». Amel Bouslama qui, avec ses photomontages numériques «Picasso», «Ile de Frioul», se joue des frontières et du cadre classique en arrondissant les angles. Nicène Kossentini fixe l'horizon et raconte le plein ciel et Dalel Tangour qui choisit l'argentique pour rendre (peut-être) un hommage à Merlau Ponty avec sa photo en noir et blanc (grand format) «l'œil et l'esprit» et figure à merveille une scène quasi onirique de «brume». Hazem Berrabah est représenté avec son travail sur le corps, le mouvement et l'espace. Faten Gaddès nous parle de contradiction et révèle une part maudite de Tunis, en saisissant un coin oublié de la banlieue nord… Mises en scène, fictions (photomontages), expérimentations du matériau photographique, voilà ce que nous apprennent ces différents traitements du médium photographique de Héla Ammar, Fadoua Dagdoug, Dorra Dhouib, Mouna Jemal Siala, Mouna Karray, Aïcha Laafif Ben Mustapha, Sana Tamzini, Marwen Trabelsi, Patricia Triki, Nadia Wamani et Nadia Zouari, qui sont visibles jusqu'au 27 octobre. Ça vaut vraiment le détour.