Médaille d'argent aux championnats du monde, six médailles (3 or, 3 argent), 21 records nationaux battus. La moisson tunisienne est bonne. Eclosion de nouveaux jeunes, arrivés à maturité pour d'autres, esprit d'équipe, fraîcheur… Les explications ne manquent pas et toutes ont une source: le DTN Khémaïs Ben Gamra qui est en passe de remettre en piste l'athlétisme tunisien. Sur la pointe des pieds Khémaïs Ben Gamra, ex-entraîneur régional au Cap Bon, conseiller technique, six championnats au Golfe, a participé à l'éclosion du champion olympique Mohamed Slimane en 1992 à Barcelone, a «fabriqué» l'athlète Hana Chaouch, médaillée d'argent aux championnats du monde en 1998. En débarquant à la tête de la direction technique de la FTA, Khémaïs Ben Gamra n'a pas fait l'unanimité. «Tout le monde était dubitatif», admet pudiquement le bureau fédéral de la FTA. Autant dire que du côté des entraîneurs en place depuis longtemps, ça a grincé. Mais avec le temps et depuis janvier 2011, le nouveau DTN s'est concentré sur le dialogue avec les techniciens, multipliant les déplacements dans toutes les régions de la Tunisie. «C'est un DTN athlète, sportif et administratif. Il nous fait confiance et laisse les entraîneurs et les athlètes s'exprimer», témoignent quelques techniciens. Le goût de la gagne Lorsqu'il arrive en poste en janvier 2011, Khémaïs Ben Gamra entre dans une maison en ruine. Il a été embauché comme DTN dans l'optique d'éviter la catastrophe lors des Jeux olympiques de Londres en 2012, sa stratégie est simple : «J'ai organisé des réunions avec les entraîneurs et les clubs. Sans eux, il n'y aura jamais ni athlètes ni athlétisme. Notre manière de voir les choses a donné les résultats escomptés avec 15 records nationaux battus (dix pour les dames, 11 pour les messieurs) et six médailles aux Jeux africains», a souligné le DTN Ben Gamra. Pour lui, le podium n'est pas un objectif valable pour les jeunes car trop sujet aux aléas du sport: «Nous avons restructuré les centres de formation. Nous avons aussi désigné des entraîneurs compétents avec un programme de préparation commun pour tous les clubs. Nous avons également établi un calendrier national commun, et ce, pour que notre élite et nos internationaux aient le même programme», a-t-il ajouté. Mais nous sommes loin, très loin du niveau mondial ! Encourager l'entraîneur La DTN a aussi mis un plan d'action pour encourager l'entraîneur qui est la base de tout. «En effet, l'entraîneur encadre et évalue le jeune athlète. Sans clubs, l'athlétisme ne progressera jamais. Regardez Habiba Ghribi, Chaïma Trabelsi et Sebaï, c'est grâce à leurs clubs qu'ils sont champions. J'ai exigé que tout entraîneur compétent et qui a réussi à faire progresser ses athlètes accompagne son élève avec l'équipe de Tunisie», a affirmé le DTN. L'humilité et l'exigence des minima «Tout athlète qui réussit ses minima sera convoqué en équipe nationale. Plus de laisser-aller et plus de sentiments. C'est la règle du jeu. A mon avis, il faut être rigide et ce pour le bien de notre athlétisme qui reste en position mi-figue, mi-raisin, en dépit des efforts déployés par le bureau fédéral et surtout M. Fathi Hachicha. Il faut aussi copier les stratégies des autres pays européens et des USA. Nous allons établir des centres de formation pour notre élite régionale. Il faut avoir des pistes en tartan à Sfax, à Kebili, à Gabès et à Bizerte. On doit éviter la spécialisation précoce», a conclu Khémaïs Ben Gamra. Il ne faut pas confondre ambition et manque de modestie. Le DTN le sait bien : «Rien n'est acquis, il faut travailler pour en arriver là. Il faut garder la tête froide, car une petite blessure et c'est toutes les performances d'un athlète qui sont compromises», rappelle le DTN. Avec cette humilité, le DTN de la FTA va s'atteler à la 2e manche de son plan pour 2012. Les Jeux olympiques de Londres 2012, les Jeux méditerranéens de 2013 les Jeux olympiques de la jeunesse en 2014. Tout cela est bien beau, mais on sait depuis longtemps que la volonté ne suffit pas. Nous savons également que championnats d'Afrique, arabes ou méditerranéens sont trompeurs. Une médaille d'or, d'argent ou de bronze dans ces joutes, ce n'est pas mauvais, mais elles ne sont pas «négociables» dans un championnat du monde ou des Jeux olympiques. Nous voulons des champions, des vrais, comme Gammoudi, Kamel Bouali ou Mellouli. Nous voulons des médaillés comme Habib Galhia et Missaoui. Les Tunisiens ont besoin qu'on leur dise la vérité !