Le club culturel Tahar-Haddad a abrité les 2 et 3 novembre, «les journées Milosz», poète, romancier et essayiste polonais dont le monde célèbre, cette année, l'anniversaire de la naissance. Milosz est né le 30 juin 1911 et il est décédé le 14 août 2004. Cette rencontre, proposée par l'espace Fouq Essour et organisée par l'ambassade de Pologne à Tunis, a permis à quelques curieux de découvrir la vie et l'œuvre de Czeslaw Milosz qui stimule la réflexion créative sur la condition des hommes dans le monde contemporain, notamment en Europe de l'Est. Une œuvre qui lui a valu le Prix Nobel de littérature en 1980. La première journée, intitulée «Découvrir Milosz», a été consacrée à la présentation de la vie et de l'œuvre de cet auteur né en Lituanie près du fleuve Issa. Il a vécu une partie de sa vie en Russie, puis il a rejoint la Pologne où il s'est installé jusqu'à sa mort. C'est son cousin Oscar Milosz qui lui a fait aimer la poésie, selon Hatem Bourial, animateur de cette rencontre. Ses premiers poèmes sont un véritable plaidoyer pour la nature, mais renferment une souffrance ressentie par le poète due au régime répressif de l'époque. D'ailleurs, une partie de ses livres a été publiée clandestinement. Pendant l'insurrection, il passe à la clandestinité et anime des émissions à la radio polonaise. Après la chute du régime, se sentant proche de la pensée marxiste, il participe au pouvoir qui s'est installé et se retrouve secrétaire d'ambassade à Washington, jusqu'à 1950. En 1951, il prend ses distances avec le régime en place et se consacre pleinement à l'écriture. Parmi ses livres les plus connus, La pensée captive et La prise de pouvoir, considéré comme la suite du premier, traduit dans 60 langues. Il s'agit d'une réflexion de l'intérieur sur le totalitarisme et sa manière de contrôler les esprits. Traduit en français dans les années 70, il a connu un certain succès auprès des «soixantuitards» qui ont adopté son contenu, fort proche de leur pensée anarchiste et libertaire. Après cette présentation succincte de l'auteur, la deuxième partie de la rencontre a été consacrée à la lecture d'extraits de ses poèmes ainsi qu'à la projection du film Sur les bords de l'Issa, adapté du livre homonyme et paraît proche du Grand Meaulnes de Henri Fournier ou encore du film La guerre des boutons de Yves Robert. La journée du 3 novembre a été consacrée à Milosz le penseur et dont les thèmes de la dissidence et de la souffrance ont constitué des traits caractéristiques de son œuvre. Au cours de cette réunion a été présenté et discuté son célèbre livre La pensée captive, considéré comme l'une de ses œuvres les plus connues, qui représente «une réflexion sur la place des intellectuels et des dissidents au sein des régimes autoritaires» et qui considére que les intellectuels qui deviennent dissidents «ne sont pas nécessairement ceux ayant les plus forts esprits, mais ceux ayant les plus faibles estomacs». Ces journées se sont clôturées par la présentation de l'œuvre poétique de Milosz et la lecture d'extraits en polonais, en arabe et en français d'extraits de sa poésie dont l'un des poèmes, Toi qui a lésé l'homme simple, a été gravé sur le mémorial des ouvriers des chantiers navals de Gdansk en Pologne, victimes de la répression politique lors des manifestations auxquelles ils participaient. Neila G.