• Assurer une bonne gouvernance pourrait permettre de tripler le PIB par habitant • En se référant à l'indice « The Ibrahim Index of Africa Government», la Tunisie se place à la neuvième position, avec un score de 61,7, loin derrière les pays du sud du continent. • La gouvernance est plus étendue que l'Etat de droit et ne se limite pas à la lutte contre la corruption — «Sur les 113 pays qui sont passés par une période de transition politique, seulement 57 ont réussi à mener la gouvernance dans le bon sens», a indiqué Dr Daniel Kauffmann, consultant senior au cabinet Brookings, lors de la conférence de presse qui s'est tenue, hier, au siège de la Banque centrale de la Tunisie. Dans cette phase de transition, marquée par un passage à vide de l'économie nationale, le thème est d'une importance capitale pour le pays puisque, d'après le spécialiste, «le développement et la croissance économique sont intimement liés à la qualité des institutions». En effet, en plus des variables économiques, la croissance est tributaire de plusieurs facteurs d'ordre politique et institutionnel. Dans son pays d'origine, le Chili, l'expert a rappelé que «la bonne gouvernance a contribué à la réduction du taux de pauvreté de 40 à 15%». Pour ce faire, il faut multiplier les pratiques d'une gouvernance «plus étendue que l'Etat de droit et qui ne se limite pas à la lutte contre la corruption», a-t-il ajouté. S'attardant sur la situation de la Tunisie, il a précisé que les beaux discours politiques se basaient autrefois sur l'évolution positive du PIB par habitant, alors qu'en réalité la proportion des citoyens insatisfaits par la qualité des services publics, et plus généralement de leur situation, n'avait cessé de grimper. A cela s'ajoute le taux de chômage galopant, notamment pour les jeunes, qui a frôlé les 30%. Les observations menées sur un échantillon exhaustif de 213 pays, sur la période allant de 1996 à 2010, a classé la Tunisie au troisième groupe sur cinq. C'est au niveau du critère «voice and accountability» que la situation s'est gravement dégradée au cours de cette période. En d'autres termes, le citoyen participe de moins en moins à l'élaboration de la politique nationale. De même, en se référant à l'indice « The Ibrahim Index of Africa Government», la Tunisie se place en neuvième position, avec un score de 61,7, loin derrière les pays du sud du continent. Bien qu'au niveau du développement humain la note accordée de 88,3 soit encourageante, elle reste préoccupante au niveau du critère des droits de l'Homme. Ainsi le pays et les gouvernements futurs sont confrontés à un défi majeur en matière de participation des citoyens et de préservation de leurs droits. L'histoire a montré que la transition démocratique ne garantit pas la bonne gouvernance, qui ne se limite pas à la lutte contre la corruption. D'où il incombe aux gouvernements futurs d'enchaîner les réformes et les restructurations du secteur public en vue d'améliorer son rendement et de contribuer par la suite au développement de l'économie et au confort des citoyens.