Accord? Pas accord ? On a assisté hier à une sorte de cafouillage médiatique autour de l'annonce d'un accord entre les trois partis en négociation autour de la distribution des trois postes de présidence. Accord ? Pas accord ? On a assisté hier à une sorte de cafouillage médiatique autour de l'annonce d'un accord entre les trois partis en négociation autour de la distribution des trois postes de présidence. Tout a commencé par une déclaration d'un membre du bureau politique du mouvement Ennahdha, affirmant qu'un tel accord était désormais acquis. Cette information, qui a donné lieu à une dépêche de l'agence TAP, a été reprise d'ailleurs par un membre du Congrès pour la République... Le Parti démocratique progressiste et le Mouvement des patriotes démocrates en ont même profité pour lancer des critiques au sujet du «partage des responsabilités» auquel se livraient les partis en négociation. Toutefois, Ettakatol avait pris les devants par une déclaration relayée par la TAP dans laquelle ce parti marquait sa différence. Contacté au téléphone, il a dénoncé une annonce «prématurée» en insistant sur le caractère nécessairement global de tout accord... En cours de soirée, une déclaration du porte-parole d'Ennahdha à La Presse est venue à son tour apporter une correction sérieuse aux informations de la journée... L'heure est donc encore à la patience ! Ennahdha souffle le chaud et le froid Contacté par l'agence TAP, Noureddine Arbaoui, membre du bureau politique d'Ennahdha a indiqué qu'un accord de principe sur les postes-clés dans le prochain gouvernement a été conclu entre les partis en négociation : Ennahdha, le CPR et Ettakatol. Afin de s'en assurer, La Presse a pris attache avec Noureddine B'hiri, également membre du bureau politique d'Ennahdha et son porte-parole, qui a assuré que rien n'a été fait jusqu'à maintenant considérant que les déclarations de son collègue «manquent de précision et ne peuvent être prises en compte». «Tout accord sera annoncé, à temps, en présence de toutes les parties concernées» ajoute-t-il. Et le porte-parole d'Ennahdha de préciser encore : «Jusqu'à l'heure où je vous parle, le dialogue se poursuit entre les trois partis en négociation, d'une manière approfondie et nous déployons tous nos efforts pour surmonter les difficultés.La discussion sur la loi organisant les pouvoirs publics et sur le programme économique et social commun se poursuit encore. Parler d'accords est pour le moment prématuré. Toute annonce provenant d'un parti déterminé, en l'absence des autres partenaires, est injustifiée». Noureddine Bhiri tient à exprimer sa confiance que les négociations avec Ettakatol et le CPR aboutiront «dans les prochains jours et que les accords auxquels nous parviendrons seront annoncées dans une conférence de presse qui se tiendra en présence de toutes les parties intéressées». Il tient à saluer l'esprit consensuel et le sérieux dont ont fait montre les représentants d'Ettakatol et du CPR lors des négociations ainsi que leur attachement à faire réussir ces discussions. A. DERMECH Ettakatol joue le suspense L'accord sur les postes-clés à la tête de l'Etat, donc sur la répartition des trois présidents, à savoir celui de la République, celui de l'Assemblée constituante et celui du gouvernement, a fait l'objet hier de déclarations de la part des intéressés. Ce qui laisse penser que ce volet des négociations entre le Mouvement Ennahdha, le Congrès pour la République et Ettakatol est une affaire désormais close... Une dépêche de l'agence TAP, citant un membre du bureau politique d'Ennahdha, M. Noureddine Arbaoui, confirme en tout cas la nouvelle qui circulait et dont l'officialisation était «imminente» depuis le début de la semaine : Moncef Marzouki serait président de la République, Hamadi Jebali président du «Conseil des ministres» — selon une dénomination qui laisse deviner le caractère «parlementariste» de cette nouvelle étape et qui confère de larges pouvoirs au chef du gouvernement — et, enfin, Mustapha Ben Jaâfar, président de l'Assemblée constituante. On sait aussi que l'information a été relayée dans les médias par le Congrès pour la République. Or il s'avère aussi que pour le parti Ettakatol, et même s'il ne nie pas qu'il y ait eu accord sur ce point, l'officialisation n'est toujours pas à l'ordre du jour. L'accord est global ou il n'est pas, laisse entendre M. Mohamed Bannour, porte-parole d'Ettakatol : «Il ne s'agit pas d'annoncer les accords l'un après l'autre... Car qu'arriverait-il si les négociations butaient en chemin ?» Ce qui fait dire au représentant du parti de Mustapha Ben Jaafar que l'annonce faite par Ennahdha est «prématurée» et qu'elle vise à «mettre la pression»... C'est que les négociations se poursuivent à travers plusieurs commissions sur un ensemble de questions qui ont trait non seulement au reste des postes ministériels à distribuer, mais aussi aux programmes et priorités ainsi, précise M. Bannour, qu'aux «principes et valeurs sur lesquels va reposer le travail». Et il s'agit ici surtout du respect des libertés, en particulier sur cette question qui est devenue un «sujet d'inquiétude», à savoir celle de la «tenue vestimentaire». Mais aussi sur le caractère civil de la République et de ses institutions, la séparation des pouvoirs... On voit donc qu'Ettakatol tient à montrer que, pour lui, la grande affaire n'est pas que son secrétaire général obtienne le poste de président du Parlement mais qu'il reste attentif à d'autres aspects de l'accord. A deux jours de l'ouverture des travaux de l'Assemblée constituante, Ettakatol prend donc le parti de maintenir le suspense et, à la question de savoir si l'accord sur les postes-clés pourrait être remis en cause dans l'hypothèse où un accord ne serait pas trouvé sur les autres questions, le porte-parole d'Ettakatol répond : oui, bien sûr ! Mais il se dit en même temps «optimiste» et laisse entendre, par ailleurs, que l'accord global recherché pourrait ne pas intervenir avant le 22 novembre, mais «deux ou trois jours après» la séance inaugurale de la Constituante, considérant que celle-ci aura de toute façon des tâches à remplir, qu'elle ne chômera pas... Raouf SEDDIK