La salle du 4 ème art a accueilli, samedi dernier, un public nombreux venu à la découverte de la nouvelle création théâtrale de Walid Daghsni intitulée Infilet (Dérapage). La pièce, jouée par le duo Ameni Bellaj-Makram Sanhouri et produite par Aspis prod, nous relate la vie d'un couple vivant dans un quartier populaire, qui, suite aux affres de la révolution, s'est cloîtré à la maison, de peur d'être attaqué. Il mène, dès lors, une discussion rationnelle abordant plusieurs thématiques relatives à l'insurrection, la lutte pour des lendemains meilleurs et la post - révolution. La voix de la liberté et du combat contre toute forme d'injustice, incarnée par la femme, s'oppose à celle de l'homme qui admet la situation. Ce conflit, ravivé par une divergence diamétrale dans les points de vue, est mis en relief par le contraste des couleurs des costumes, la femme tout en blanc, l'homme tout en rouge. A tout cela s'ajoutent un jeu de mots, un jeu de sonorité (chansons) et des tableaux de danse, qui visent à éveiller les esprits et à provoquer la réflexion et l'émotion chez les spectateurs. Le dialogue, qui s'engage, est d'ordre existentialiste, parfois même philosophique. Aussi le couple disserte-t-il sur la vie, la mort, la notion de choix, le destin, la liberté... Ce qui ne l'empêche pas d'évoquer des sujets plus «terre à terre», comme la corruption, ou la vision d'un futur flou et inquiétant. La femme, se révoltant contre cette situation et voulant briser son isolement, décide de sortir participer aux manifestations et affronter son sort, laissant son partenaire seul face à l'inconnu. Dans un décor épuré et simple, qui tient à deux tabourets et une table, mettant ainsi les acteurs en valeur, Inflilet acquiert une dimension tragique. Loin de nous divertir, les questions traitées dans cette pièce, nourries et inspirées d'un vécu actuel commun à tous, dépassent l'actualité et nous appellent à réfléchir sur l'avenir de l'Homme et de toute l'humanité. Au discours rationnel et aux dialogues justes, cette nouvelle création théâtrale nous appelle à nous arrêter sur les évé-+*nements qui ont marqué notre pays récemment, à réfléchir sur la vanité de l'existence humaine et sur l'incompréhension, aussi, qui marque cette époque que nous vivons. Et cela est courageux. Le public l'a perçu et l'a montré.