La commission d'aide à la production cinématographique fait de plus en plus de mécontents et crée même des polémiques autour des résultats affichés. Les professionnels du cinéma remettent en question la crédibilité de cette commission, notamment son président actuel, Khaled Agrebi, producteur notamment du film Chronique d'une agonie, de Aïda Ben Aleya, qui n'a pas beaucoup impressionné ni le public ni, surtout, la critique et les professionnels. Au-delà de tous les clivages, rumeurs ou contestations, la commission d'aide à la production cinématographique, régie par le décret 717 du 19 mars 2001, est devenue obsolète, compte tenu des progrès technologiques survenus depuis le temps de sa création. L'article 2 de ce décret prévoit l'octroi de l'aide aux courts et aux longs métrages de format 35 millimètres, dépassant 1.600 mètres de pellicule. Or, il s'avère qu'aujourd'hui, rares sont les réalisateurs qui tournent avec ce format. Les cinéastes, utilisant le numérique, sont contraints de kinescoper leur film dans le format 35mm, conformément à l'article 2. Une opération qui revient cher et qui bouffe une grande part du budget, déjà à peine suffisant, pour la majorité des projets qui aboutissent. Un autre point important concerne le pourcentage de la subvention. L'article 3 indique que l'aide accordée ne doit pas dépasser 35% du budget total du film. Or, tout le monde sait que le producteur n'est plus capable, de nos jours, de boucler le budget avec des aides extérieures qui se font de plus en plus rares, en raison de la crise sévissant en Europe. Les films sont, par conséquent, quasiment et exclusivement produits avec la subvention accordée par le ministère de la Culture, qui atteint dans le meilleur des cas 500 mille dinars pour un long métrage de fiction. S'agissant de la nomination des membres de la commission, l'article 7 stipule que les nominations s'effectuent sur décision du ministre de la Culture. Seulement, on sait que depuis la révolution, ce n'est plus le ministre qui est chargé de cette opération, mais ce sont les associations et les syndicats représentant la profession qui sont appelés à le faire. Il n'est donc pas étonnant que les résultats de la commission provoquent autant de désagréments, en raison d'un décret devenu caduque et dépassé. Il est plus que temps d'entreprendre une révision totale de ce décret ou de le remplacer par un nouveau, qui tiendrait compte des nouvelles considérations liées aux mutations que connaît le secteur cinématographique. A bon entendeur...