• Un oléoduc acheminant du pétrole de l'Est de la Syrie vers une raffinerie à Homs endommagé • Au moins neuf personnes tuées par des «snipers» et des tirs à l'aveuglette • Appel à la grève générale, dimanche BAGDAD (Reuters) — La Syrie devrait accepter le plus rapidement possible le plan proposé par la Ligue arabe de manière à éviter des sanctions économiques de la part du monde arabe, a déclaré hier le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Elarabi. Celui-ci dit avoir eu hier des entretiens avec de hauts responsables en Irak, pays limitrophe de la Syrie, afin de «déterminer si le gouvernement irakien est disposé à user de son influence sur la Syrie» pour qu'elle accepte le plan arabe. Le plan, qui appelle à l'arrêt de la répression en Syrie, prévoit notamment l'envoi d'observateurs, aspect que Damas considère comme une atteinte à sa souveraineté. La Ligue arabe, qui a suspendu la Syrie de ses travaux, a décidé d'imposer à ce pays des sanctions, en raison de la poursuite de la répression du mouvement de contestation contre le président Bachar Al Assad. «Nous espérons que dès que possible, la Syrie acceptera de signer le plan (...). Désormais, c'est à la Syrie de jouer, la balle est dans son camp», a déclaré Elarabi à Bagdad, au cours d'une conférence de presse commune avec le ministre irakien des Affaires étrangères, Hochiar Zebari. L'Irak, pour l'heure, refuse l'idée de sanctions contre Damas, contrairement à d'autres pays voisins de la Syrie comme la Turquie et la Jordanie, qui, tous deux, demandent à Al Assad de démissionner. Une explosion a par ailleurs endommagé hier un important oléoduc acheminant du pétrole de l'Est de la Syrie vers une raffinerie à Homs, et l'agence de presse officielle syrienne, Sana, a parlé d'un acte de sabotage perpétré par un «groupe terroriste armé». Dans le même temps se profile une grève générale pour dimanche, à l'appel de comités chargés de coordonner la contestation. Des flammes et d'épais nuages de fumée noire s'élevaient du site touché par l'explosion, dans les faubourgs de Homs, ville qui est l'un des foyers de la contestation contre le régime du président Bachar Al Assad depuis mars dernier. «Il s'agit du principal oléoduc alimentant la raffinerie de Homs», a expliqué Rami Abdoulrahman, de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, ONG basée en Grande-Bretagne. Ce militant a également fait état de neuf morts hier à Homs, tués par des «snipers» et des tirs à l'aveuglette. Les autorités syriennes ayant expulsé la plupart des journalistes indépendants depuis le début des troubles en mars, il est cependant difficile de vérifier les événements sur le terrain. Selon Sana, l'oléoduc a été visé dans le secteur de Tal Assour, au nord-ouest de la raffinerie située dans la banlieue de Homs, ville de 800.000 habitants où, selon l'opposition, 1.500 personnes ont été tuées ces derniers mois dans la répression des manifestations. Sur une vidéo diffusée sur Internet et montrant ce qui est présenté comme le lieu de l'explosion, on voit d'énormes colonnes de fumée noire s'élevant d'une zone à proximité d'une ligne de chemin de fer. Près de là se trouve un char de l'armée syrienne. La raffinerie de Homs répond à une partie des besoins du pays en produits pétroliers. En juillet dernier, Sana avait rapporté que des saboteurs avaient plastiqué un oléoduc de pétrole destiné à l'exportation, près de Homs. Ce pipeline relie les champs pétrolifères de l'Est syrien à Baniyas sur la côte méditerranéenne. Face à la poursuite de la répression, l'opposition syrienne a décidé d'appeler à une grève générale à travers le pays dimanche, jour de travail. Il devrait s'agir de la première étape d'une campagne de désobéissance civile contre le régime Al Assad. Les comités de coordination locaux, qui organisent le mouvement de protestation pacifique entamé en mars, précisent que la désobéissance civile comprendra des sit-in, des fermetures de magasins et des grèves dans le service public et dans les milieux étudiants. Un précédent appel à la grève, en octobre, s'est soldé par des résultats mitigés. Bureaux et magasins ont fermé pendant huit jours à la fin octobre dans la province de Deraâ, berceau du mouvement de contestation, dans le sud de la Syrie. A Homs et dans les zones environnantes, une grève générale a eu lieu le 26 octobre. Mais les deux plus grandes villes du pays, Damas et Alep, ont été peu touchées par le mouvement, et des habitants de la capitale indiquaient hier que les autorités semblaient prendre des mesures pour faire échec à la grève de dimanche.