Une année est bientôt passée depuis que la première étincelle de la révolution a jailli à Sidi Bouzid, ville où le jeune chômeur Mohamed Bouazizi s'est immolé par le feu devant le siège du gouvernorat. Aujourd'hui, alors que les familles des martyrs et les blessés des événements sanglants continuent de supporter leur chagrin et leurs plaies, l'histoire revient à pas feutrés pour offrir l'opportunité de commémorer la date mémorable du 17 décembre 2010. Ainsi, par fidélité aux martyrs de la révolution de la dignité et de la liberté, la mémoire collective inscrit désormais sur son agenda la célébration d'un nouveau festival international de la révolution populaire, dont la première édition aura lieu ce samedi à Sidi Bouzid. Un rendez-vous de grande importance, auquel toutes les régions prendront part. Des personnalités éminentes, des chaînes TV et des journalistes étrangers y sont aussi attendus. En fait, les préparatifs de ce festival nouveau-né ont été engagés depuis deux mois. Un comité d'organisation composé de révolutionnaires, de militants, de syndicalistes et de juristes de la région a travaillé volontairement, jour et nuit, pour venir à bout de tous les détails. Loin de toute appartenance politique, afin de préserver à l'événement sa valeur particulière, sa sacralité. «Mais aussi pour que ce festival soit à l'honneur de ceux qui ont payé de leur vie au service de cette chère patrie», précise M. Youssef Jallali, coordinateur de médias auprès de ce comité. Trois jours durant, la région, berceau du printemps arabe, vibrera, ainsi, au rythme des festivités. La grande artère portant le nom de Bourguiba et celle nouvellement nommée El Bouazizi vont accueillir les invités tunisiens et étrangers. Il s'agit, à vrai dire, de l'animation de la rue marquée par un programme d'activités haut en couleur. Trois scènes de planche ont été aménagées, à ciel ouvert, pour des spectacles artistiques et des shows offerts au grand public. Ce dernier aura rendez-vous avec une quinzaine de troupes musicales locales engagées, des tableaux de peinture, des fresques et des sculptures. Seront également à l'affiche deux documentaires long-métrage, dont un intitulé «Le peuple veut dégage», l'autre ayant pour titre «L'étincelle» (Achcharara). Autant d'images et de représentations qui vont illustrer, de manière artistique, l'épopée d'une révolution digne, aujourd'hui, d'une fête nationale dont un avant-goût sera dégusté en attendant le 14 janvier prochain. A la place Mohamed Bouazizi, où un mémorial-symbole s'est récemment dressé sur les ruines d'un ancien édifice propre au régime déchu, l'ambiance sera à son comble. Au menu, également, des concerts animés par la troupe marocaine«Jil Jilala» et par un rappeur algérien surnommé «double canon». Côté matériel, M. Jallali a révélé, par ailleurs, que des contributions financières ont été fournies par des citoyens bénévoles et des ministères, en signe de solidarité et de soutien pour réussir cette première édition. Toutefois, a-t-il ajouté, les donations émanant des entreprises n'ont pas été acceptées afin d'éviter toute surenchère, ou certaines aides malintentionnées. A noter, conclut-il, que cet événement sera fêté sous d'autres cieux européens, mais à la manière de nos concitoyens tunisiens.