… soulignent des membres de la Constituante Des membres de la Constituante ont assimilé le programme du Gouvernement, présenté, jeudi, devant l'Assemblée constituante par Hamadi Jebali, chef du Gouvernement à «une déclaration de bonne intention».Un programme qu'ils ont qualifié de flou et d'imprécis. Ils ont fait remarquer, hier, à la plénière de la Constituante, consacrée à l'examen du programme du gouvernement, que ce programme comporte beaucoup de promesses, néglige les grands choix nationaux et ne donne pas une vision claire sur le modèle de développement régional, les équilibres financiers et les mécanismes nécessaires à la mise en œuvre de ce programme. Les élus ont, également, soulevé l'absence de chiffres, notamment, ceux liés au taux de croissance que le nouveau gouvernement aspire à atteindre et au nombre d'emplois à créer. Souad Abderrahim se demande si le gouvernement a des plans concrets concernant la mobilisation de ressources financières nécessaires à la concrétisation de ses «programmes ambitieux». De son côté, Ahmed Néjib Chebbi reproche au gouvernement de n'avoir pas défini, clairement, la période nécessaire à la réalisation de son programme. Le dossier de l'emploi a accaparé une bonne partie des débats. A ce sujet, plusieurs intervenants ont fait remarquer qu'un «pari démesuré a été fait sur les Tunisiens établis à l'étranger». Pour Maya Jribi, la situation actuelle en Libye et la crise économique qui sévit en Europe ne sont pas favorables à la réduction du chômage en Tunisie. Autres questions abordées au cours de la séance matinale : la sécurité, le recrutement dans la fonction publique, la lutte contre la pollution, l'émigration, la promotion de l'agriculture, le rééchelonnement des dettes des agriculteurs, les terres domaniales... Certains membres de la Constituante contestent la nomination de Tarek Dhiab au poste de ministre de la Jeunesse et des Sports en raison de son implication dans des affaires portées en Justice à Sfax, selon, l'élu Mohamed Essefi. D'autres prennent position contre la nomination du gendre de Rached Ghannouchi, Rafik Abdessalem, à la tête du ministère des Affaires étrangères. Une déclaration d'intention L'élu du Pôle Démocratique Moderniste (PDM) Fadhel Moussa a regretté que le programme du gouvernement présenté à la Constituante ne comporte pas des objectifs clairs et ne propose pas des mesures urgentes notamment en ce qui concerne les dossiers relatifs aux martyrs et aux blessés ainsi qu'à l'emploi, aux jeunes et aux régions défavorisées. Il a, à cet égard, relevé que la déclaration du gouvernement a été présentée «sous forme de programme électoral ou de déclaration d'intention». Les portefeuilles gouvernementaux auraient dû se limiter aux fonctions essentielles, a-t-il estimé, dénonçant le mode de distribution des portefeuilles qui laisse à penser à une répartition des postes entre les partis de la coalition selon la politique des quotas. Le programme du gouvernement a été «très général» et ne comporte pas des chiffres bien clairs, a estimé pour sa part l'élu de la liste du Front populaire tunisien indépendant Foued Thameur. Il a, également, critiqué une élue du Mouvement Ennahdha qui avait déclaré que les portefeuilles ministériels ont été attribués en fonction du critère du militantisme. Si l'on se conforme à cette règle, a-t-il indiqué, tous les tunisiens sont des militants et méritent des portefeuilles ministériels, dans la mesure où ils ont contribué à la lutte contre la dictature de l'ancien régime. D'autre part, l'élu du Mouvement Ennahdha Ameur Arayedh a défendu la nomination du gendre de Rached Ghannouchi en qualité de ministre des Affaires étrangères, estimant que ce choix n'est pas fondé sur les liens de parenté mais il répond aux critères de compétence, de militantisme et de probité. Ce gouvernement est, à la fois, un gouvernement politique et un gouvernement de technocrates, a-t-il affirmé. L'élue du parti Ettakatol Fatma Gharbi a estimé que les critiques formulées par l'opposition au sujet du programme du gouvernement sont objectives et ne peuvent que contribuer à aplanir les insuffisances.