AMMAN (Reuters) — Alors que les violences se poursuivaient hier en Syrie, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Elarabi, a dit redouter une guerre civile avec des conséquences négatives pour la région. «Oui, je crains une guerre civile» a-t-il dit à la chaîne de télévision égyptienne Al Hayat. «Tout problème en Syrie aura des conséquences pour les pays voisins», a déclaré le patron de la Ligue en qualifiant d'«inquiétants» les rapports envoyés par le chef de la mission d'observateurs arabes en Syrie. Nabil Elarabi affirme pourtant qu'«il n'y a assurément aucun doute que le rythme des morts violents a baissé grâce à la présence des observateurs». Cette affirmation contredit celle d'un haut responsable de l'Onu qui a déclaré cette semaine devant le Conseil de sécurité que le nombre de morts s'était accéléré pour atteindre la quarantaine par jour depuis l'arrivée, le 26 décembre, de la mission de la Ligue. Comme tous les vendredis, les Syriens ont de nouveau manifesté à la sortie des mosquées à travers le pays contre le régime du président Bachar Al Assad, notamment dans certains quartiers de Damas ainsi que dans la cité portuaire de Lattaquié. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh), les forces de sécurité ont tué un manifestant à Idlib, une ville du nord-ouest de la Syrie. Jeudi, rapporte l'Osdh, 21 personnes en tout ont été tuées en Syrie, dont sept à Deir Al Zor, dans l'Est, et sept membres des forces de sécurité à Maarat Al Noman. D'après un responsable de la Ligue arabe, les observateurs ont repris leur mission jeudi depuis que onze d'entre eux ont été blessés à Lattaquié lundi par une foule de partisans du chef de l'Etat. A en croire le plus haut gradé à avoir déserté, le général Mostafa Ahmad Al Cheikh, les défections de militaires affaiblissent considérablement l'armée. Mais cet officier, joint par téléphone jeudi par Reuters dans le sud de la Turquie, pense qu'il faudra encore plus d'un an pour renverser Bachar Al Assad en raison de la loyauté et du suréquipement des membres de son clan alaouite. Il évalue à 20.000 — essentiellement des membres de la majorité sunnite — le nombre de soldats à avoir déserté malgré des «contrôles» très rigoureux. «Si nous parvenons à réunir entre 25.000 et 30.000 déserteurs pour monter une guerre de guérilla menée par des groupes de six à sept hommes, cela nous permettrait d'épuiser l'armée en l'espace d'un an ou un an et demi avec de simples lance-roquettes RPG et des armes légères», estime ce général. En visite à Beyrouth, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a déclaré au quotidien libanais An Nahar: «Les autorités syriennes doivent répondre aux aspirations démocratiques légitimes du peuple syrien», dit-il en souhaitant que le Conseil de sécurité, aujourd'hui divisé, trouve le moyen de parler d'une seule voix.