• L'ouverture de 12 points de vente par chaîne procurerait environ 600 emplois directs Rien n'a encore changé. On peut emprunter cette déclaration, si populaire ces derniers temps, pour décrire la situation de la franchise dans le secteur du fast-food. En effet, sous l'ancien régime, le dossier fast-food a posé de multiples polémiques, a nourri plusieurs histoires et a même créé de sérieuses tensions politiques . Les causes étaient claires. La famille voulait s'approprier toutes les franchises de marques internationales. De plus, il était hors de question de respecter les conditions des franchiseurs, jugées inutiles. De nos jours, les entraves politiques et les pratiques de favoritisme sont levées. Mais le climat demeure peu favorable à la réalisation de tels investissements. A tort ou à raison, toute nouvelle franchise, de nationalités bien déterminées, laisse à penser, pour une large frange du peuple mais aussi de partis politiques, qu'il s'agit d'une ingérence dans les affaires de l'Etat. Ce dossier est-il aussi brûlant qu'auparavant ? Face à cette situation, et dans l'objectif d'éclairer les décideurs, un groupe de travail du ministère du Commerce et de l'Industrie a préparé un tableau récapitulatif des effets escomptés de l'ouverture à l'utilisation des marques étrangères dans le secteur du fast-food. Objectivité oblige, le tableau énumère les avantages et les inconvénients de la mise en œuvre de cette nouvelle activité. Bien que le bilan soit en majorité positif, les détracteurs trouveront deux limites du recours à la franchise dans ce domaine. Premièrement, ce mode est toujours lié à un style de vie à l'américaine, que certains considèrent comme un modèle socialement défaillant. Deuxièmement, les plats offerts par ces restaurants sont de nature à dégrader les indices de la santé publique, notamment le taux d'obésité. Diversification de l'offre Le premier des impacts positifs réside en la capacité des franchises du fast-food à la création d'emplois. Selon le rapport, l'ouverture de 12 points de vente par chaîne procurerait aux environs de 600 emplois directs. Sur le marché, l'arrivée de ces enseignes permet de diversifier l'offre. En plus des repas, ces espaces constitueront des aires de loisir pour les Tunisiens, comme le furent les grandes surfaces. D'ailleurs, avec un cadre physique moderne et agréable, un staff formé et dynamique et une cuisine interne conforme aux normes internationales, ces restaurateurs sont de nature à tirer tout le secteur vers le haut. De même, pour préparer leurs plats, ces nouvelles entreprises solliciteront le marché domestique, notamment des fruits, légumes, emballages, etc. Sur un autre plan, l'existence de certaines marques mondialement connues constitue en soi un facteur sécurisant pour les investisseurs. Partout dans le monde, pour se prémunir des habitudes culinaires «étranges» d'un pays donné, les visiteurs se fient aux enseignes internationales qui offrent des plats universels. Pour ce qui est des risques de la concurrence et l'éventuelle destruction du secteur de la restauration rapide, il est à préciser que les franchisés et les opérateurs classiques semblent jouer sur deux terrains distincts. Sur la base des tarifs pratiqués ailleurs, les produits offerts par les franchisés coûteront de 5 à 10 dinars. De loin plus cher que les repas traditionnels (kaftaji et plat tunisien), à deux dinars, ou encore les plats de volailles (escalope) qui avoisinent 5 dinars. En somme, les franchisés cibleront une clientèle jeune et relativement aisée. En ce moment, plus d'une dizaine de demandes sont déjà déposées auprès des services compétents du ministère du Commerce et de l'Industrie. Quelle marque aura son autorisation en premier ?