Par Jawhar CHATTY Le Chef du gouvernement, Hamadi Jebali, prendra part au Forum économique mondial de Davos qui se tiendra en Suisse du 25 au 29 janvier. Sans doute, la Tunisie a toujours été représentée au plus haut niveau de l'Etat à ce rendez-vous, mais jamais autant qu'aujourd'hui cette présence ne s'annonce aussi remarquée et, en principe, remarquable. La Tunisie, pionnière du «Printemps arabe», focalisera, à cette occasion, toute l'attention du Golgotha mondial de la finance et des affaires, en ce sens que la liberté est l'une des valeurs fondatrices de la Révolution tunisienne. Une liberté qui, dans l'esprit du Forum de Davos, veut tout simplement dire «liberté d'entreprendre», sans entraves ni contraintes... Le cénacle de la haute finance, de l'argent roi et de l'investissement ne manquera à cet égard pas de faire part à M. Jebali de ses préoccupations et de ses attentes. Bref, de son attente d'un message fort qui le rassure. Eclairé par des observatoires internationaux de haute voltige et par des agences internationales de rating intraitables, ce cénacle connaît mieux- peut-être mieux que nous-mêmes- la vraie réalité de la conjoncture politique, économique et sociale du pays. L'on doit à ce titre lui tenir un langage de vérité, sans détours et sans ambiguïté. Le monde de la finance et des affaires qui sera présent à Davos saura en effet qu'il ne faudra pas trop se faire d'illusion. A moins que le Chef du gouvernement n'émette un message qui puisse développer un discours d'économie politique qui soit clairement libéral, du moins qui ne heurte pas la sensibilité des différentes sphères de l'investissement et le penchant au profit et de l'innovation destructrice au sens de l'éminent économiste Joseph Schumpeter. C'est-à-dire, des investissements qui s'accommodent fort peu d'une instabilité et surtout d'une rigidité du cadre réglementaire du travail au sein de l'entreprise. Dans cette bataille de clarification et de positionnement de la Tunisie sur la carte mouvante de l'économie mondiale, le chef du gouvernement dispose d'indéniables atouts. Le capital «enthousiasme et de sympathie» qu'a suscitée la Révolution tunisienne s'essouffle, il faut le dire. Reste cette détermination du gouvernement à impliquer, dans l'œuvre du développement toutes les forces vives du pays autour d'un projet économique et social clair qui engage l'avenir du pays .Autre atout et non des moindres, la bataille qu'entend mener le gouvernement contre la corruption, pour l'équité fiscale, pour la justice sociale et pour l'emploi. Le dernier rapport du Forum de Davos fait étrangement, et c'est une première, formidablement écho à ces priorités : la très grande disparité des revenus et la précarité des finances publiques figurent parmi les principaux risques pour l'économie, selon le rapport 2012 sur les risques mondiaux, rédigé pour le Forum de Davos. La montée du chômage des jeunes, les difficultés de retraités dont les pensions dépendent d'Etats surendettés et les écarts de richesse sèment les «germes de la dystopie», en met garde le rapport. Pour la première fois depuis des générations, les gens ne croient plus que leurs enfants auront une vie meilleure que la leur, affirme le document. N'est-ce pas là les sources et les catalyseurs de la révolution tunisienne ? Il appartient au Chef du gouvernement de faire en sorte que la participation de la Tunisie post révolution au Forum économique mondial de Davos soit remarquée, remarquable et porteuse d'un message de confiance et d'espoir.