Par Kilani Bennasr* Mes deux frères d'armes Abdelwahed El Guesmi et Béchir Nefoussi sont deux officiers supérieurs de l'Armée de terre tunisienne décédés de mort naturelle. Plusieurs de leurs camarades, membres de leurs familles et moi-même vivons un chagrin immense depuis leur décès, il y a moins de deux ans ; que Dieu les accueille dans Son Eternel Paradis. Le Commandant Abdelwahed El Guesmi, natif de la belle et rousse Thala, et le Colonel Béchir Nefoussi de la douce et parfumée Gabès, étaient deux gentlemen dynamiques, braves et rigoureux. Ils auraient été les plus heureux sur terre s'ils avaient vécu avec nous les deux fêtes de la révolution, la chute de Ben Ali et la commémoration du premier anniversaire de cette révolution. Une révolte qui a redonné au peuple sa souveraineté et à l'Armée tunisienne son prestige. Leur bonheur serait exceptionnel s'ils avaient savouré avec nous, leurs frères d'armes, que nous soyons en activité ou à la retraite, cette joie et entente réciproque entre un peuple et son armée, l'histoire parlera sans doute des Forces armées tunisiennes, de ses officiers, sous-officiers infatigables et de ses hommes de troupe. Tous les deux, décorés de la médaille militaire, étaient brillants dans leur domaine, le Commandant Guesmi, alias Talii, de la promotion Tarik Ibn Ziad, est un monsieur très lettré, d'une grande culture, modeste et très sûr de lui ; un excellent instructeur commando et officier d'état major d'élite, pieux et vrai connaisseur du Livre Saint, le Coran. Le Colonel Nefoussi, de la première promotion de l'Académie militaire, était un amoureux de sa famille et de la vie, toujours souriant, élégant, très courageux et intelligent, un vrai hussard ( cavalier) formé dans les meilleures écoles de cavalerie blindée française et américaine, un professeur militaire, en qualité qu'expert durant des années, ayant formé des milliers de militaires nationaux et de pays étrangers, officiers et sous-officiers tunisiens et des pays du Golfe, il est aussi un vaillant commandant de grandes unités de combat. Mes deux chers frères d'armes, des milliers de pages ne suffisent pas pour citer vos qualités, que Dieu vous bénisse. Nous penserons toujours à vous. De surcroît, je souhaiterais que ces lignes parviennent à raffermir les relations d'amitié entre les militaires tunisiens, à leur rappeler l'importance de l'histoire et des beaux souvenirs militaires et à inciter particulièrement les retraités actuels et futurs à créer notre propre association de frères d'armes tunisiens en s'inspirant de l'organisation et du fonctionnement de son binôme, l'Association française frères d'armes ou autres. *(Colonel à la retraite)