Par Abdelhamid GMATI Quand la neige tombe «gentiment», elle embellit les campagnes et les villes, permet des vacances «ski» et est même appréciée par les agriculteurs qui y voient un facteur de bonne récolte saisonnière. Certains l'attendent même avec impatience. Mais lorsqu'elle se laisse aller et s'en donne à cœur joie, bonjour les dégâts et les drames. Même les pays qui y sont habitués se laissent surprendre. C'est ce qui arrive cette année en Europe où on ne compte plus les victimes, en Algérie et dans notre pays. Certes, et contrairement à d'autres, on ne déplore pas de décès dus au froid (dixit le représentant du ministre de la Santé qui précise que «les quatre ou cinq personnes décédées l'ont été de mort naturelle»), mais les souffrances des populations de certaines régions sont énormes. Heureusement, l'habituel élan de solidarité des Tunisiens s'est vite concrétisé avec l'afflux des aides de la société civile, des partis politiques, des organisations nationales et des efforts du gouvernement qui, malgré quelque retard, a remédié à l'essentiel. Certains exagèrent la situation, d'autres la minimisent. Les dégâts sont là... mais ça va. Entre-temps, l'usine Leoni de Mateur, qui emploie 2.700 personnes, ferme ses portes «en raison de l'impossibilité d'assurer une marche normale du travail (...) malgré les efforts déployés en vue de parvenir à un consensus et d'établir un dialogue social avec la partie syndicale» (selon son directeur général). Un sit-in ouvert est déclenché au siège de la Compagnie des phosphates de Gafsa avec blocage de la voie ferrée à Métaloui. Ailleurs, des employés menacent d'entrer en grève si leurs revendications salariales ne sont pas immédiatement satisfaites. Un incendie dans le dépôt de médicaments de la Pharmacie centrale fait des dégâts; mais sans que cela ait un impact sur l'approvisionnement en médicaments. Cela n'empêche que certains médicaments sont introuvables dans les pharmacies. Le syndicat des municipalités annonce une grève générale de quatre jours, sur fond de revendications sociales. Mais ça va, la télévision retransmettra (très probablement) les matches de football et le président de la République continue son périple maghrébin. Cela nous rappelle une ancienne chanson «Tout va très bien Madame La Marquise» dont les paroles ont été adaptées par, l'esprit espiègle des Tunisiens, en une anecdote (allégorie) qui se raconte ces jours-ci à Tunis. Un riche homme d'affaires, devant effectuer un long voyage d'affaires, appelle son jardinier et lui confie le numéro de son téléphone mobile personnel, lui spécifiant qu'il ne doit l'utiliser qu'en cas de grande nécessité. Trois jours plus tard, l'homme d'affaires, se trouvant en conférence dans un pays lointain, reçoit un appel de son jardinier. Ennuyé, il ne décroche pas. Par deux fois. Il finit toutefois par répondre cédant à l'insistance de son jardiner : «Qu'y a-t-il de si urgent, je suis occupé ? – Patron, tout va bien mais c'est la pelle, son manche est cassé; dois-je en acheter un autre de mes propres deniers ou attendre votre retour ? – Comment s'est cassé le manche de la pelle ? – Je devais creuser un trou dans le jardin. – Un trou ? Pour quoi faire ? – Ne vous inquiétez pas patron; c'est juste pour enterrer le chien. – Quoi ? Mon chien est mort ? Comment? – Il est tombé dans la piscine. –Comment cela ? La piscine était remplie. – Oui, mais toute l'eau a été utilisée par les pompiers. – Que viennent faire les pompiers chez moi ? – Ne vous inquiétez pas patron ; ils sont venus pour éteindre l'incendie de la maison. – Quoi ? Ma maison a été incendiée ? Comment ? Par qui ? –C'est lors de la veillée funéraire, alors que l'on disait des prières et récitait le Coran, une bougie est tombée et a mis le feu. –Quelle veillée funéraire ? Qui est mort ? – C'est votre mère patron mais ne vous inquiétez pas. – Ma mère est décédée ? Comment est-ce arrivé ? – C'est en apprenant le décès de votre père qu'elle a eu un malaise, le choc l'a tuée. – Mon père est mort ? – Oui patron, il a eu une crise cardiaque mais ne vous inquiétez pas, tout s'est bien passé... Bon, maintenant patron, que dois- je faire ? J'achète le manche de la pelle ou j'attends votre retour ?».