Yasmine Hammamet a abrité samedi un colloque sur l'utilisation rationnelle du médicament en présence de plusieurs pharmaciens et biologistes. Cette manifestation organisée par le centre national de pharmacovigilance a comporté deux volets : l'utilisation irrationnelle des médicaments et ses conséquences et les contrefaçons et les trafics illicites de médicaments. L'utilisation rationnelle des médicaments implique que les patients reçoivent les traitements appropriés à leurs besoins de santé et à des doses qui correspondent à leurs caractéristiques individuelles sur une durée adaptée et au moindre coût pour eux et pour la collectivité. M. Mohamed Habib Chelbi Belkahia, Directeur du centre national de pharmacovigilance, a expliqué : « Les médicaments sont souvent utilisés de manière inappropriée, inefficace voire dangereuse. Ils ne tiennent pas compte de l'état du malade, des doses et du traitement exigé. Les prescriptions irrationnelles sont nombreuses. C'est le cas de l'utilisation de médicaments non indiqués (prescription d'antibiotiques pour des bronchites d'origine virale), de médicaments d'efficacité non démontrée ou mal évalués sur le plan de sécurité ( médicaments agissant sur la motricité digestive d'utilisation exagérée lors de diarrhée aigue) de médicaments appropriés mais pour une durée et des médicaments chers comme pour les antibiotiques ou certains antihypertenseurs. » M.Belkahia a ajouté : « les erreurs médicamenteuses sont fréquentes entraînant souvent des effets indésirables. 24% des effets indésirables sont dus à un mésusage et 2/3 de ces effets entraînent une hospitalisation selon une enquête réalisée par le centre régional de Bourgogne. L'étude réalisée dans un centre antipoison en France a révélé 1108 erreurs médicamenteuses dont 31% sont dues à l'automédication.87% de ces erreurs ont été attribuées aux familles,4% aux pharmaciens, 3% aux médecins et 1% aux infirmiers. L'utilisation excessive de médicaments, l'abus des injections, la polymédication et la prescription abusive des stimulants, des tranquillisants et de vitamines ont un impact négatif sur le patient. » M.Belkhahia a appelé à un bon diagnostic de la pathologie avant la prescription du médicament. Le traitement doit être efficace et sûr. La prescription doit être bien étudiée. La communication et surtout l'éducation du patient et le suivi sont nécessaires pour un bon traitement. D'où la nécessité de choisir le bon médicament adapté au patient et à son état, éviter l'automédication et ne pas se substituer au médecin."
Contres façons et trafics illicites des médicaments L'utilisation des mauvais médicaments a été soulevé par les participants M.Kamel Idir directeur de la pharmacie des médicaments a précisé que "l'utilisation rationnelle des médicaments exige une bonne qualité d'où la nécessité de mettre en place un système d'assurance qualité pour pouvoir contrôler toutes les facettes du médicament. Malheureusement la contrefaçon devient une profession. Les produits contrefaits circulent. Il s'agit de mauvais médicaments non conformes en qualité ou en quantité et pouvant contenir des produits inactifs voire toxiques pouvant entraînant la mort de plusieurs personnes notamment en Afrique où les médicaments se vendent dans les marchés. Ce problème est aggravé par l'internet. En Tunisie, nous sommes épargnés de ce phénomène grâce à la vigilance de la douane qui ne laisse rien entrer avec la coordination du ministère de la santé publique et la direction de la pharmacie des médicaments A côté du cadre légal renforcé à partir de 1990, la Tunisie s'est dotée d'un cadre juridique qui lui a permis de faire confiance aux investisseurs tunisiens et étrangers et aussi de faire la part des choses par rapport à la qualité des médicaments et par rapport aux structures qui gèrent le médicament. La direction du médicament et de la pharmacie c'est l'autorité réglementaire aux côtés du laboratoire national de contrôle des médicaments, de la pharmacie centrale de Tunisie, de la direction de l'inspection pharmaceutique, du centre de pharmacovigilance qui sont aussi parties prenantes dans le contrôle technique des médicaments. Le ministère de la santé publique a aussi fait apparaître des protocoles thérapeutiques pour qu'il ait un consensus de prescription car nous voyons de nos jours des médecins prescrire 3 à 5 médicaments pour la même pathologie."