Le théâtre est en crise. C'est une évidence !, a lâché difficilement, Fatma Felhi, metteur en scène de la pièce Les cils de la terre, ô l'olivier, présentée, samedi dernier, dans le cadre de la manifestation «Avant-première», qui se déroule depuis le 9 février 2012 à El Teatro. Le Visage blême, les lèvres crispées, Felhi voulait annuler la représentation, faute de public. Seuls quatre journalistes attendaient devant les portes... «Je ne devrais pas être comme ça! Je ne devrais pas céder à l'échec. Mais j'ai tellement peur pour mes jeunes acteurs», murmura-t-elle. Un sourire forcé a enfin répondu aux encouragements de ce petit public, et le rideau s'est levé. Ses acteurs sont très jeunes. Leur âge varie entre 12 et 19 ans. Ils sont membres du club de théâtre à El Teatro et s'appellent Ons Obba, Arij Sebaî, Sami Ghodhbane, Bahja Hidiri, Iheb Jmal, Rim Hayouni. Leur jeu nous a vite fait oublier le froid de la salle. Ils étaient vrais et passionnés. La pièce raconte l'olivier. La scénographie évoque cet arbre. Le texte ainsi que la mise en scène s'inspirent, on dirait, du croisement des branches, des rides du tronc et des feuilles touffues. Le rythme ressemble à une sorte de tourbillon impénétrable. Des tissus de différentes couleurs s'agitent dans l'air, épousant parfois les corps des acteurs pour donner des silhouettes étranges... Les personnages, difficilement identifiables, changent de peau à chaque instant...Ils semblent être poussés par une obsession commune...Ils sont à la recherche de quelque chose, d'une âme perdue, peut-être....ça parle d'amour, de la terre, de la liberté. Les acteurs défilent, l'un à la suite de l'autre, dans un rythme effréné. Ils savent si bien placer leurs voix...Le ton est juste. L'émotion y est. A la fin de la pièce, les acteurs épousent le sol, étendus sur le ventre, nous gratifiant d'un large sourire. Que veulent-ils communiquer? De l'espoir, sans aucun doute.