Le peintre tunisien Ahmed Abbès (les intimes l'appellent «Bouha») présente depuis deux semaines, à la maison de la culture Ibn-Rachiq, sa quatrième exposition personnelle titrée «Le nectar de l'art». Cet ensemble de 27 tableaux aux couleurs et formes variées, s'articulent autour de plusieurs thèmes et sont réalisés avec beaucoup de sensibilité, qu'il s'agisse de collage ou de peinture pure, d'abstraction totale ou relative. A travers une partie de ses œuvres, l'artiste, autodidacte, nous propose un voyage pictural fort gai, qui exprime la joie de vivre, la beauté de la nature, des instants de paix de l'âme et dans le monde, etc. Dans d'autres, il est question des moments sombres de la vie, de son aspect fugace et éphémère, de la fuite du temps, de la guerre... Mais ici et là, on sent la présence centrale de l'Homme (Bouha, peut-être) dans ses différents états d'âme, allant de la joie à la détresse, de l'allégresse à l'angoisse et au doute. Tout cela se reflète par le choix étudié des couleurs qui oscillent, sans vergogne, entre le chaud et le froid ou leur mélange, par des contrastes révélateurs et des dégradations significatives traduisant, parfois, le sens de l'élévation, le tout dégageant le naturel la légèreté du pinceau. Dans le tableau intitulé «Lîle des retrouvés», les formes ondulées se confondent, se séparent et se rejoignent, cristalisant l'idée de la séparation et des retrouvailles, accentuée par une sorte de jeu maîtrisé des couleurs qui vont du foncé au plus clair, du marron prononcé au gris, jusqu'au blanc. Dans les tableaux «La fureur de vivre» et «La fièvre dans le sang», l'artiste s'inspire de la beauté de la nature, des couleurs de la terre et de certains de ses éléments pour nous suggérer, dans un extraordinaire mélange, les perturbations de l'être humain et pour mettre en relief l'idée de sa révolte, de sa résistance et de son combat éternel contre tout ce qui est négatif sur terre ou en lui-même. Dans cette même thématique, «Guerre et paix» et «Peur sur la ville» sont deux tableaux qui partent, à l'évidence, de l'actualité et du vécu commun. Ils traduisent une vision particulière sur le sens de la vie, invitant l'homme à réfléchir sur ce qui s'est passé et ce qui se passe chez nous et un peu partout ailleurs... L'exposition est une balade entre le passé et le présent, le mal et le bien, mais elle est surtout une quête de joie, y compris dans le côté noir de la vie et malgré lui... «Le nectar de l'art» dévoile, à notre avis, les tréfonds d'un artiste qui cherche l'élévation et qui refuse la démission.