Depuis la révolution, la plupart des jeunes pensent que l'avenir de la Tunisie leur appartient. Ils ont alors envie de s'engager à travers des structures, un tissu associatif, du volontariat afin de mettre à contribution leurs idées et prendre des initiatives audacieuses qui leur donneraient plus confiance en eux. Il ne leur reste plus que de frapper à la bonne porte de manière à structurer tous leurs projets. Six jeunes Français appartenant au Bureau association conseil (BAC) sont venus depuis l'automne dernier à Tunis pour animer cette toute jeune structure. D'après l'ambassade de France en Tunisie, Amélie, qui fait partie de ce groupe de jeunes, serait chargée d'apporter un soutien technique, administratif et juridique au monde associatif tunisien. Elle explique: «Mon rôle, c'est de répondre aux demandes des associations tunisiennes en gestion de projets, de les aider à formuler leurs besoins, de favoriser les rencontres et les synergies entre structures, de monter des dossiers de financement». Il est à rappeler que le tissu associatif tunisien compte près de 10.000 associations. Actuellement, cette jeune Française s'acharne pour la préparation d'un documentaire sur la révolution, monté par l'Association pour la citoyenneté et la culture numérique (Accun) de Menzel Bouzaiène, près de Sidi Bouzid. Amélie explique : «L'idée de ce film, c'est de permettre aux jeunes de donner leur version des faits, une vision que les médias traditionnels ne relaient pas». Autres actions qui seront entreprises par cette association, la formation de volontaires aux techniques journalistiques, documentaires, aux nouveaux outils numériques. La jeune volontaire assure que «la démarche s'inscrit dans un cadre plus large d'accès à l'information, via les nouveaux médias. Ici, l'objectif est de réduire la fracture entre la capitale et les régions les plus reculées, de rompre l'isolement». Pour les structures tunisiennes, l'un des rôles de l'association BAC est précisément de donner accès à de nouvelles ressources, de débloquer des moyens, de favoriser la mise en réseau afin que les projets décollent. Céline, chargée de projet, note : «Depuis la révolution, beaucoup de fondations et de bailleurs internationaux sont désireux de soutenir la société civile tunisienne». Ces bailleurs sont très rigoureux, exigent des associations des dossiers totalement aboutis, déposés de longs mois à l'avance. «C'est là qu'on peut intervenir!», complète Badis, un autre volontaire du groupe et coordinateur de l'équipe. «Il y a des projets passionnants mais qui demandent à être affinés pour devenir éligibles aux aides». Toujours selon l'ambassade de France en Tunisie, l'automne dernier, l'Institut français de Tunisie (IFT), partenaire clé du BAC, a reçu près de 140 demandes de subvention. En mai 2011, l'IFT pilote le Forum tuniso-français de la société civile et où se retrouvent plusieurs centaines de professionnels et de militants et c'est là que démarre le projet du BAC. Les 30 et 31 mars, la seconde édition du Forum tuniso-français de la société civile donnera l'occasion de tirer un premier bilan de l'opération. Le transfert de compétence se déroule, par ailleurs, sur le sol français : quinze Tunisiens sont partis pour six mois dans l'Hexagone, où ils sont intégrés dans différentes structures du Groupe SOS (une entreprise sociale qui construit une société tout en développant des solutions qui conjuguent utilité sociale et efficacité économique. Créé il y a 27 ans, il compte aujourd'hui près de 7.000 salariés au sein de 270 établissements). À leur retour, ces jeunes auront le devoir d'apporter un nouveau regard et une expertise plus solide au sein du secteur associatif tunisien.