Par Houcine BEN ACHOUR* Le gouvernement n'arrive toujours pas à faire redémarrer une économie en panne de croissance. Plus, certains départements ministériels ne semblent nullement soucieux d'une bonne gouvernance. L'économie du pays ne semble pas vouloir se redresser. Le gouvernement déplore la multiplication des sit-in et autres manifestations de protestation qui freinent la remise sur les rails du train économique. Il a certes raison. Le pays a besoin de stabilité. Mais c'est son discours qui ne semble pas convaincre l'opinion publique. La légèreté avec laquelle il gère les affaires publiques lui est devenue de plus en plus insupportable. En effet, il ne comprend pas les raisons qui ont amené le gouvernement à engager une épreuve de force avec l'Ugtt, la centrale syndicale, pour une raison aussi futile que la grève des agents municipaux au lieu d'expliquer que s'il ne peut, en l'état actuel de la situation, honorer ses engagements à leur égard, cela ne signifie nullement qu'il refuse de le faire. Le déficit flagrant de communication ou plutôt la manière adoptée en la matière est manifestement à rebours de ce qu'attend le citoyen. Par ailleurs, ce n'est pas en jetant l'opprobre sur les médias qu'il réussira à inverser la tendance. Le gouvernement de Hamadi Jebali ne semble pas vouloir accepter l'évidence que les médias ne lui renvoient, après tout, que sa propre image, sans autres prétentions, ni présuppositions. Il faut que cesse cette paranoïa du complot et convaincre que la conjoncture actuelle oblige l'Etat à se serrer, plus que jamais, la ceinture pour ne pas hypothéquer davantage les chances de sortie de la récession économique que vit le pays. Il faut dire la vérité même si elle est parfois difficile à faire admettre. C'est un gage de crédibilité et donc de confiance. Or, cela n'est pas encore le cas. On est encore assez loin de la bonne gouvernance souhaitée par tous. L'Etat doit réduire son train de vie Les frasques de certains membres du gouvernement, plus préoccupés par les maroquins qu'ils occupent et les avantages qu'ils veulent en tirer que du bon fonctionnement de leur département, sont loin d'arranger une image déjà écornée d'un gouvernement qui tarde à satisfaire les attentes du pays, à tout le moins d'envoyer des signaux clairs aux opérateurs. A la place, les rumeurs vont bon train sur les dépassements de certains membres du gouvernement et de Hamadi Jebali en personne. On n'osera pas en faire ici étalage par le menu sur ce qui se dit à ce propos. Mais si cela est avéré, la crainte non pas d'une dérive mais d'un naufrage deviendrait réelle, suscitant toutes les paniques, particulièrement économique et sociale. En tout cas, la marge de manœuvre du gouvernement ne cesse, inexorablement, de se réduire comme peau de chagrin. Rarement gouvernement n'a été aussi rapidement usé par l'exercice du pouvoir, sans avoir pour autant esquissé le moindre projet ou la moindre perspective de développement. A cet égard, le projet de loi de finances rectificative constitue une illustration éloquente. Depuis quelque temps, les Conseils interministériels se succèdent sans que l'on ait pu, apparemment, décider de ce que l'on veut. Chaque ministère cherche à accroître sensiblement son budget. C'est à qui mieux mieux. Chacun tire la couverture vers soi, indifférent à l'exigence d'une cohérence des objectifs que le gouvernement est amené à adopter. Pourtant, les nécessités de l'heure impliquent, au contraire, une juste et optimale répartition des ressources publiques, d'autant que celles-ci ne sont pas inépuisables, bien au contraire compte tenu du recul du taux de croissance enregistré en 2011. Les ressources propres du budget de l'Etat devraient enregistrer une diminution, à tout le moins un tassement. Il est opportun dès lors que le gouvernement réduise en conséquence son train de vie et donc les budgets de fonctionnement de certains ministères. Ainsi, l'enveloppe dégagée pourrait, le cas échéant, renforcer leurs budgets d'investissement respectifs et refléter de la sorte le souci d'une bonne gouvernance. Malheureusement, on en est encore loin. *(Economiste)