Le Congrès national du mouvement Ettajdid a démarré hier, à l'hôtel Ezzahra, dans la banlieue sud de Tunis, par une joute oratoire ayant associé plusieurs expressions de la société politique et de la vie associative. Ce troisième congrès du parti risque d'être le dernier du même nom, puisqu'il s'inscrit dans une dynamique publiquement annoncée de fusion rapide avec le Parti du travail tunisien (PTT) et les indépendants du Pôle démocratique moderniste, lors d'un congrès fondateur d'une nouvelle formation unitaire. Mais le but final serait, selon M. Ahmed Ibrahim, premier secrétaire sortant du mouvement, un grand parti unitaire des forces démocratiques progressistes et modernistes qui grouperait Ettajdid, le PTT et les indépendants d'une part et le PDP et ses alliés (Afek Tounès et le Parti républicain), de l'autre. Afin d'assurer l'équilibre tant au sein de la société qu'au niveau de l'échiquier politique. Le congrès d'Ettajdid, qui se prolongera jusqu'à dimanche, groupe 300 délégués représentant les 66 sections du parti disséminées aux quatre coins du pays. Les congressistes ont été désignés sur la base d'un délégué pour 12 adhérents avec un plafond de 10 représentants par section. L'objectif du congrès est d'entériner les choix stratégiques du parti pour la période à venir, de consolider l'approche moderniste et de conforter les choix en faveur des droits de la femme et leur transformation en clause constitutionnelle. Evoquant l'extrémisme et la violence dont font montre des groupes de jeunes fanatisés, le premier secrétaire d'Ettajdid a regretté le silence des autorités qui «par leur compréhension affichée, sont indirectement impliquées». Et M. Ibrahim d'appeler le gouvernement et Ennahdha à «clarifier leur position» dans la mesure où le fait de «renvoyer dos à dos les victimes et les coupables» encourage les actes extrémistes et tous les agissements des salafistes. On note parmi les invités d'honneur présents lors de la séance d'ouverture les anciens ministres, M. Ahmed Ben Salah, M. Mansour Maâlla, M. Taïeb Baccouche, M. Yacine Brahim, M. Saïd Aïdi, M. Nejib Karafi, ainsi que M. Abdessatar Ben Moussa, président de la Ligue des droits de l'Homme, M. Néjib Chebbi, M. Mohamed Kilani, et l'ancien porte-parole de l'Ugtt, M. Abid Briki. Une ovation spéciale a accueilli le Pr Habib Kazdaghli, doyen de la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de La Manouba, suivie de l'hymne national. Dans les couloirs du congrès, plusieurs jeunes délégués affirment qu'un rajeunissement des responsables du parti sortira des urnes, dimanche. Plusieurs membres de la direction ne seraient pas candidats pour un nouveau mandat. La candidature de M. Ahmed Brahim, quant à elle, semble devoir être maintenue malgré la nette volonté de changement. Pour le plus zélé du projet d'unification en un grand parti d'alternance démocratique, M. Ibrahim est présenté par de nombreux hauts dirigeants du mouvement comme une figure indispensable à la réussite de ce processus de fusion à plusieurs étapes.