Une loi de finance complémentaire, on n'en voit pas tous les ans. Elle porte, habituellement, sur des ajustements majeurs conséquents à d'importantes turbulences imprévisibles. Cette année, la loi de finances complémentaire s'inscrit dans un cadre spécifique : une conjoncture internationale morose et une situation nationale difficile. En effet, pendant les trois premiers mois de 2012, le gouvernement a géré le pays presque en continuité avec l'action de l'ancienne équipe dirigeante. Entre-temps, les autorités ont engagé des travaux d'élaboration d'une LFC aux couleurs de leurs programmes économiques et sociaux. Ces nouvelles dispositions affirment donc la volonté et les priorités d'un nouveau gouvernement élu démocratiquement. Sur un autre plan, ces ajustements s'imposent, puisque les hypothèses fixées pour l'élaboration de l'ancienne loi divergent largement des niveaux actuels. La nouvelle loi repose essentiellement sur un ensemble d'hypothèses, à savoir un taux de croissance de 3,5%, un prix de baril de pétrole de 110 dollars au lieu de 100 dollars et un taux de change du dollar estimé à 1,5 dinar au lieu de 1,42 prévu en décembre dernier. Toutefois, à l'instar de tout projet, la pertinence des mesures est discutable selon la position des parties prenantes, de leurs couleurs et de leurs intérêts. Il est à signaler que les parties prenantes, notamment les partis politiques, les structures associatives et les opérateurs économiques privés ont montré une réticence inhabituelle à nos demandes de commentaires sur les nouvelles dispositions de la loi de finances complémentaire 2012.