L'Université de Tunis Dauphine a organisé, hier, en son siège à Tunis, une conférence sur le thème «La révolution tunisienne, une révolution spontanée ?», animée par le chercheur au Centre national de recherche scientifique français (CNRS), M. Chokri Hmed. Lors de cette conférence, le chercheur a présenté les résultats de son étude sociale qui s'est articulée sur la révolution dans la région de Sidi Bouzid, durant la période comprise entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011. M. Hmed a indiqué que son étude a pris pour échantillon une soixantaine de personnes de la région, sous la forme d'entretiens étalés sur quatre périodes successives et qui regroupe des syndicalistes de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), des militants politiques (de gauche et des mouvements panarabes de la région), des jeunes apolitiques ou encore des anciens responsables du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) dissous, qui ont accepté de donner leur témoignage sur cette période. Le chercheur a, d'autre part, tenté de déconstruire le discours et les «récits mythiques» autour de la révolution, révélant que la révolte à Sidi Bouzid était l'oeuvre conjointe de plusieurs acteurs dont des syndicalistes de la région mais aussi des enseignants du primaire et du secondaire exerçant dans la région, et dans une moindre mesure des hommes politiques. Il a rappelé que les jeunes avaient occupé les premières lignes lors des affrontements avec la police, assurant que l'encadrement s'est principalement fait par des anciens militants et syndicalistes. Il a précisé que les campagnes de mobilisation menées dans la région et au niveau national ont fait que la révolte à Sidi Bouzid soit étendue et internationalisée grâce à des réseaux structurés et à des facteurs endogènes favorables à sa propagation.