On ne finira jamais de rendre hommage à tous ceux qui consacrent leur temps et leur énergie à l'éducation et à la culture. Quels que soient le contexte politique du pays et les difficultés économiques qu'ils peuvent rencontrer, ces gens-là résistent, croyant fermement à l'importance de l'art et la culture pour la santé mentale de l'individu. Les membres de l'Association de la foire du livre pour enfants de Sfax en font partie. Il y a près d'une semaine, ces bénévoles ont clôturé la XIXe édition de leur Salon. Malgré vents et marées, le boycott du délégué régional de la culture, l'édition a bel et bien eu lieu en présence de l'Armée nationale et en l'absence du ministre de la Culture. On nous apprend que l'affluence du public a dépassé toutes les attentes. L'actualité sociale et politique n'a pas empêché les parents de sortir et d'accompagner leurs enfants pour visiter la foire, acheter des livres, voir les spectacles et participer aux ateliers. Le programme de la foire, à l'instar des précédentes sessions, est riche, varié et sans cesse revisité. Un colloque sur le thème «l'image de la femme dans le produit culturel destiné à l'enfant : l'écrit et l'audio comme exemples» s'est tenu en présence de spécialistes. L'Association de la foire du livre pour enfants a également prévu une journée d'études sur les droits culturels de l'enfant, organisée avec la collaboration du ministère de la Femme et de la Famille et le service régional de l'enfance. Le débat, lors de cette journée, concernait l'enfant récepteur et l'enfant créatif. «Le livre et la reconstruction de la conscience de l'enfant», «les films d'animation», sont d'autres thèmes qui ont fait l'objet d'une table ronde et d'une rencontre entre intellectuels, organisées en partenariat avec, entre autres, le ciné club Tahar-Cheriâa. Quant aux sociétés d'édition qui ont participé à cette XIXe édition de la foire du livre pour enfants, leur nombre a dépassé la soixantaine. Elles étaient venues du monde entier pour exposer plus de 23 000 titres. En plus des stands, la foire a offert des espaces de rencontres pour des acteurs culturels tunisiens et arabes qui œuvrent pour le renforcement de l'impact éducatif et culturel de ce support écrit qu'est le livre. Et pour être dans l'air du temps, un espace appelé « les arts de la révolution» a permis aux enfants d'apprendre la caricature et les graffitis. L'association n'oublie jamais de rendre hommage aux écrivains tunisiens. Cette fois, une exposition intitulée « des mots et des palmiers » a été organisée en hommage à Mohiedine Khraief. Avec la participation de la maison de jeunes de Sfax, une autre exposition a eu lieu avec des photos inédites de la révolution du 14 janvier 2011. Le programme riche et varié de la foire de Sfax n'empêche pas les organisateurs de se remettre en question. Ils comptent se réunir bientôt pour un bilan avec la participation de spécialistes de l'édition et de quelques journalistes. « Après la révolution, quel serait l'avenir de cette manifestation ? » est la question que se posent les initiateurs et à laquelle ils doivent absolument trouver une réponse.