Le ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh, a campé, hier, sur ses positions, lors d'une rencontre qu'il a eue avec des membres de l'Assemblée nationale constituante venus lui demander de revenir sur sa décision interdisant les manifestations sur l'avenue Habib-Bourguiba. Aussi, le ministre a-t-il réaffirmé son attachement à l'application de la décision en question jusqu'à la séance plénière d'urgence qui se tiendra demain, jeudi 12 avril, à l'Assemblée nationale constituante. Au cours de la même rencontre, les constituants et les journalistes ont visionné une cassette vidéo montrant les agressions dont ont été victimes les forces de l'ordre lors de la marche qui s'est déroulée, lundi, sur l'avenue Bourguiba. Ali Larayedh a révélé au cours de cette rencontre que le ministère dispose d'enregistrements montrant la protection par les forces de sécurité du constituant Samir Taieb et de l'avocat Ahmed Seddik. Répondant aux interventions des constituants qui ont appelé à l'annulation pure et simple de l'interdiction de manifester sur l'avenue Bourguiba, le ministère de l'Intérieur a précisé que «la décision est temporaire et qu'elle sera appliquée avec le maximum de souplesse. L'essentiel est d'assurer l'impartialité et la neutralité de l'appareil sécuritaire qui doit demeurer à l'écart des luttes partisanes». Il a, d'autre part, nié l'existence «de milices appartenant au mouvement Ennahdha qui opéraient aux côtés des forces de l'ordre pour disperser les manifestants». «Tous ceux parmi les citoyens ou les journalistes disposant de preuves sur la pratique de la violence par les forces de sécurité sont appelés à les fournir aux services compétents du ministère en vue de délimiter les responsabilités des uns et des autres». A propos de l'appel lancé, lundi, par la Constituante exigeant l'ouverture immédiate d'une enquête, il a précisé que le ministère est prêt à «accepter et à coopérer avec toute commission d'investigation qui sera formée par la Constituante à condition que ses membres soient indépendants et neutres». Sommé par l'un des constituants au cours de la même rencontre de démissionner, Ali Larayedh a eu la réponse suivante : «Je répondrai le jour où je sentirai que je suis une partie du problème».