Une déclaration d'intention a été signée, vendredi dernier à Washington, entre la Tunisie et les Etats-Unis, pour parvenir «le plus vite possible» à un accord permettant à l'Etat tunisien d'emprunter sur les marchés, en bénéficiant de la garantie de l'Etat fédéral américain. Ce document a été paraphé par le secrétaire au Trésor Timothy Geithner et le ministre des Finances, Houssine Dimassi, à l'issue d'une réunion du «Partenariat de Deauville», des pays du G8. Selon un communiqué du Partenariat de Deauville publié par le biais du Trésor américain, «l'Etat américain fournirait cette garantie de prêt pour permettre à la Tunisie d'accéder à des financements importants sur les marchés à des taux abordables et avec des maturités d'emprunt favorables». Washington envisage d'apporter une garantie «sur le principal et les intérêts» pouvant aller «jusqu'à 100%». Le montant des fonds que le gouvernement tunisien pourra ainsi lever devrait atteindre «plusieurs centaines de millions de dollars» et dépendra de l'issue des négociations, que les deux parties souhaitent voir aboutir «dans les semaines qui viennent». On n'en saura guère plus. Contacté ce lundi à ce sujet, dans l'espoir d'avoir en toute transparence quelques bribes d'informations supplémentaires, le ministère des Finances semblait être inscrit dans le registre des «abonnés absents». Notre démarche et notre désir d'information se limitaient pourtant à deux ou trois questions : -Quelle est aujourd'hui la pertinence d'une sortie de la Tunisie sur les marchés internationaux des capitaux en regard du niveau actuel de l'endettement extérieur ? -Comment et sous quel angle le gouvernement tunisien apprécie-t-il le soutien américain ? -Quelles sont «ces conditions» dont dépendra l'issue des négociations, que les deux parties souhaitent voir aboutir «dans les semaines qui viennent» ? -Question subsidiaire : c'est pour quand enfin, le lancement, dans la dignité, d'un grand emprunt obligataire national ? Le soutien américain à la Tunisie, en cette période précise de son cheminement vers la démocratie, a son pesant d'or. Reste que, pour la première fois depuis la révolution du 14 janvier, le nouveau soutien américain donne à penser qu'il est sujet à négociation. Ironie de l'Histoire, ou plutôt une vision tout autre de la culture de l'aide et du développement, le président de l'Assemblée nationale constituante a affirmé, le même jour, vendredi 20 avril, dans un discours qu'il a prononcé au Parlement italien, que «La Tunisie n'a pas besoin de promesses illusoires mais plutôt d'aides concrètes et immédiates». A méditer.