•Les boxeuses, les basketteuses et les danseuses au pays des fjords. Voici un festival qui, par le hasard du calendrier, a eu lieu en parallèle avec le fameux procès de Anders Behring Breivik. Un procès qui défraie la chronique et qui monopolise toutes les attentions en Norvège. On y juge un tueur d'extrême droite qui combat le multiculturalisme! Le festival du film arabe à Oslo (Arabiske film Dager) a donc été concomitant à ce procès, comme pour souligner l'attachement de la Norvège aux valeurs de la diversité et du partage. Organisées par le «film frasor ,film from the south», le «Babel filmklub» et le «Norsk film institute», ces journées ont sélectionné 11 films arabes parmi les plus représentatifs, mais qui expriment également une diversité certaine par rapport aux cinémas existants. «La première édition de ces journées a eu lieu en 2010, avant le déclenchement des révolutions arabes, dit Lasse Skagen, directeur artistique, pour qui il s'agit de créer un évènement pendant le printemps à Oslo et qui soit parallèle au «film frasor». L'année dernière, on avait des films du Moyen Orient, cette année c'est le tour des films d'Afrique du Nord. «Je pense que c'est une région où le cinéma passe par une période de transition importante qui va crescendo. L'avenir nous précisera les vrais résultats», a-t-il souligné. En ouverture du festival, un documentaire syrien de Sofia Amara, Syria inside the repression, un film où la réalisatrice a pris beaucoup de risques pour nous livrer des images et des témoignages (dont ceux des officiers déserteurs), jamais vus auparavant. Comment a réagi le public norvégien à ces journées qui décrivent le monde arabe à travers le septième Art, serait-on tenté de demander. Positivement, puisqu'il est venu en masse au «filmen hus» (lieu des projections), et ce, dès la soirée d'ouverture. La Tunisie a participé à ce festival avec un long métrage documentaire Boxe avec Elle de Latifa Doghri et Salem Trabelsi et auquel ont été consacrées deux projections suivies de débats auxquels ont assisté des représentants de notre ambassade dont la chargée d'affaires, Mme Siheme Seltène, ainsi que de notre petite communauté vivant en Norvège. Mis en exergue également durant cette manifestation, à travers le documentaire, le sujet des femmes du monde arabe a constitué tout un volet qui n'a pas laissé l'auditoire indifférent. Trois films qui ont fait le tour de cette question Boxing with her (boxe avec elle) de Tunisie , At night they dance du Canada et Salaam Dunk des USA. Trois «mondes» féminins différents ont été explorés dans ces films : celui des boxeuses en Tunisie, des danseuses populaires en Egypte et des basketteuses en Irak. Côté fiction, nous noterons un film qui n'a pas laissé indifférent et qui est Les hommes libres du Marocain Ismael Ferroukhi, un film qui raconte la résistance de la communauté musulmane de Paris sous l'occupation nazie aux arrestations à caractère raciste . Malgré de très grandes différences culturelles et sociales, les organisateurs de ce festival ont su frapper, en quelque sorte, à la porte du monde arabe et à celle de son cinéma, en particulier, pour avoir une mosaïque assez complète du «monde de l'autre». Un monde encore très loin des pays des fjords mais qui continue toujours à le fasciner.