Le domaine de la valorisation des déchets organiques en Tunisie regorge d'importantes opportunités d'investissement et de création de projets, a indiqué M. Nadhir Hamada, ministre de l'Environnement et du Développement durable. Intervenant au cours d'une table ronde sur «la valorisation des déchets organiques», organisée, hier, à Tunis à l'initiative de l'Agence nationale de gestion des déchets (Anged), le ministre a évoqué les principaux résultats d'une étude menée par son département dans ce domaine. Il ressort de cette étude l'existence de plusieurs opportunités de recyclage des déchets organiques, notamment pour la production d'énergie et la fertilisation des terrains agricoles, de manière à réduire la quantité des déchets organiques ensevelis et à diversifier les sources d'énergie de substitution. Le ministre a indiqué que cette étude a permis d'élaborer une carte des sites devant abriter les unités de gestion des déchets (biodigesteur)dans tout le pays et de connaître la quantité de déchets organiques produite par an. Ces quantités sont estimées annuellement à 7 millions de tonnes tandis que les quantités de déchets recyclables sont de l'ordre de 2,3 millions de tonnes, dont les déchets municipaux verts, les déchets de marché, la boue des stations d'épuration de l'Onas, les déchets des industries alimentaires, les déchets d'élevage du bétail et la fiente de volaille. L'étude révèle également que les besoins en matières organiques sont de l'ordre de 9 millions de tonnes en Tunisie. La capacité de production d'engrais organiques est de l'ordre de 50.000 tonnes par an en Tunisie, capacité pouvant atteindre 1 million de tonnes si toutes les conditions de collecte et de recyclage sont réunies. Il convient de souligner que plusieurs études montrent que la valorisation des déchets offre d'importantes opportunités en matière de production d'électricité et d'énergie géothermique. La Tunisie produit annuellement 2 millions de tonnes de déchets domestiques et similaires dont 68% de déchets organiques recyclables en gaz de méthane d'une capacité de l'ordre de 0,4 tonne équivalent pétrole (TEP). Le reste, soit 32%, peut être exploité dans la valorisation énergétique à l'instar des déchets de plastique, papier, tissu et bois. Dans cette perspective, les parties concernées se sont orientées vers l'exploitation du méthane dans la production d'électricité au niveau des décharges contrôlées au lieu de le transformer en dioxyde de carbone. Il y a lieu de souligner qu'un projet pilote de valorisation énergétique est en cours de réalisation au niveau de la décharge contrôlée de Djbel Chekir pour la production de l'ordre de 8 mégawatts d'électricité. Les études sont actuellement en cours afin de généraliser cette expérience à près de 17 décharges contrôlées vers fin 2010. Incitations au secteur privé M. Nadhir Hamada a rappelé que son département a œuvré à consolider les mécanismes législatifs, organisationnels et financiers, en vue d'inciter le secteur privé à investir dans les systèmes de gestion des déchets recyclables. Il a rappelé que le secteur du recyclage et de la valorisation a permis de réduire le volume des importations tunisiennes de quelques matières premières et d'exporter d'importantes quantités de produits très demandés sur les marchés mondiaux. Le ministre a rappelé que la Tunisie exporte 7.000 tonnes de produits plastiques sur un total de 15.000 tonnes collectées chaque année dans le cadre du programme «Ecolef». Le ministre a indiqué que la démarche adoptée actuellement est l'exploitation des nouvelles technologies en vue de valoriser davantage les déchets organiques dans le domaine agricole et énergétique, ce qui permettra de consolider les programmes d'économie d'énergie.