«La Tunisie est un modèle à suivre et un symbole pour les révolutions dans le monde», a déclaré la journaliste yéménite Tawakkul Karman, lauréate du Prix Nobel de la paix 2011, en rencontrant, hier, le président de la Constituante Mustapha Ben Jaâfar. «Le choix du peuple tunisien s'est porté sur une Assemblée nationale constituante(ANC)», s'est félicitée l'activiste yéménite. La rencontre a été l'occasion de passer en revue l'avancement du processus démocratique en Tunisie et les efforts déployés pour parvenir à un consensus permettant d'élaborer une nouvelle Constitution qui reflète les principes d'une société centriste et modérée, indique un communiqué de la l'ANC. M. Ben Jaâfar a mis en relief les principes sur lesquels s'est fondée la révolution tunisienne qui a «traduit la volonté du peuple à construire un nouveau système basé sur la liberté d'expression et d'association dans le cadre d'une vision démocratique participative», lit-on dans le communiqué. Relever les défis socioéconomiques «Malgré leur différence et leurs divergences de vues, les gouvernements et les partis de l'opposition dans les pays arabes qui se sont soulevés contre la dictature doivent se mettre d'accord sur le processus d'édification ainsi que sur les moyens de relever les défis socio-économiques», a estimé, par ailleurs, Tawakkul Karman. A l'issue de son entretien, hier matin, au siège de la primature, avec le Chef du gouvernement provisoire Hamadi Jebal, elle a, également, déclaré avoir réitéré sa proposition en faveur de la «création d'une Ligue des Etats du printemps arabe». Prix pour la défense des droits civiques et politiques Tawakkul Karman a proposé à la Tunisie la création d'un prix annuel pour la défense des droits civiques et politiques dédié aux militants des droits humains et des libertés. S'exprimant, à l'issue de son entrevue, hier, avec le ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle Samir Dilou, Tawakkul Karman a suggéré que ce prix soit décerné le 14 janvier de chaque année, journée qui revêt une symbolique particulière pour les Tunisiens, a-t-elle souligné. Il est important pour la Tunisie d'accélérer l'élaboration de la loi sur la justice transitionnelle qui répond aux standards internationaux des droits humains, ce qui ne manquera pas de dévoiler la vérité, de réparer les dégâts et empêcher les auteurs des violations d'occuper des postes politiques, a-t-elle souligné. Commentant la proposition avancée par M. Dilou d'occuper le poste de conseillère au ministère, Karman a précisé qu'il s'agit d'une «étape importante sur la voie de la coordination entre les peuples qui ont accompli des révolutions dans le monde arabe en vue d'instaurer un Etat de citoyenneté, de démocratie et des droits de l'Homme». La montée du courant islamiste au pouvoir dans les pays arabes ne doit pas constituer une «source de crainte», a-t-elle soutenu, précisant que ce phénomène est le corollaire de la démocratie qui tolère toutes les sensibilités et tendances politiques.