La Tunisie, à l'instar des autres pays, n'est plus à l'abri des phénomènes extrêmes dont la fréquence va croître au cours des prochaines années. Etés de plus en plus chauds, tempêtes et pluies dévastatrices vont se produire de plus en plus fréquemment, au cours des prochaines décennies, alors que l'infrastructure inadaptée dans certaines zones a de plus en plus mal à supporter les catastrophes naturelles générées par ces phénomènes responsables de pertes considérables. La tempête dévastatrice de 2003 n'a-t-elle pas causé des inondations qui ont occasionné des centaines de millions de pertes? Le nombre d'habitants qui ne cesse d'augmenter dans les villes — d'ici 2030, la population urbaine qui est actuellement de 2,25 millions augmentera de 33% en Tunisie — et l'urbanisation massive sont des facteurs qui accentuent la vulnérabilité des régions exposées aux risques liés aux phénomènes naturels. En 2009, la Banque mondiale avait lancé une étude afin d'évaluer la vulnérabilité des quatre villes côtières d'Afrique du Nord face à des risques naturels, tels que l'élévation du niveau de la mer et de la température ambiante, l'érosion et le risque sismique. Ce projet vise à présenter, aux autorités locales, des plans d'adaptation ainsi que des mécanismes qui permettraient à ces pays de se préparer et de s'adapter aux catastrophes et phénomènes naturels qui pourraient survenir dans le futur. Un premier séminaire a été organisé l'année dernière à Marseille pour présenter les résultats de l'étude qui s'est intéressée notamment aux spécificités de chaque région, les rendant vulnérables aux risques naturels liés aux changements climatiques. Une journée d'étude vient d'être organisée, cette semaine, par l'Augt en collaboration avec le Centre de Marseille sur le thème «L'adaptation aux changements climatiques et aux risques naturels dans la région du Grand-Tunis», pour présenter ces résultats. S'intéressant au Grand-Tunis, l'étude a montré que l'affaissement des sols dans le centre de Tunis, responsable de l'inclinaison dangereuse de certains immeubles, augmentait le risque sismique. Cette exposition qui reste, toutefois, modérée devrait conduire les autorités locales à adopter une approche tenant compte de ces risques lors de la planification et de l'aménagement urbain. «Il faut mettre en place un système de zonage sismique, analyser les mouvements de terrain et diagnostiquer la vulnérabilté du bâti existant», a souligné un participant lors de la journée d'étude. Par ailleurs, selon les scénarios établis sur le changement climatique, Tunis sera exposé, tous les cinquante ans à des phénomènes climatiques extrêmes, alors que ces derniers se produisaient, autrefois, tous les cent ans. Les prévisions pour l'année 2030 montrent que le risque d'inondation sera élevé. Ces dernières qui vont s'intensifier dans les années à venir menacent notamment les zones basses à l'instar des villes de Sidi Hassine Sijoumi, d'Ezzahra et de Hammam-Lif et des régions se trouvant à proximité des bassins versants qui débordent en raison notamment de l'efficacité des systèmes de drainage. «Nous sommes face à une urbanisation galopante en bordure de la Sebkha de Sidi Hassine Sijoumi. En 2003, Sidi Hassine Sijoumi et El Hraïria ont été inondés. Les pompiers ont mis plusieurs mois pour évacuer l'eau. Une des mesures serait de plafonner le niveau d'inondabilité de la Sebkha en construisant un ouvrage de vidange qu'on relierait à celui de Oued Meliane. Par ailleurs, une autre mesure consisterait à construire une galerie de vidange qui traverserait la colline de Sidi Belhassen et déboucherait dans le bassin des voiliers du canal de navigation», note l'expert Mohsen Tounsi. De fortes précipitations provoqueraient des inondations d'un mètre de hauteur dans certains secteurs. L'étude propose, d'autre part, que des investissements soient mobilisés pour renforcer et optimiser les systèmes d'assainissement et de drainage, surveiller le niveau des eaux du lac et construire des digues. Toujours selon cette même étude, l'autre risque auquel est exposé la Tunisie est l'élévation du niveau de la mer et l'érosion côtière. En dépit des travaux de protection de la côte, le littoral dans le golfe de Tunis continue à reculer. L'élévation du niveau de la mer accentuera l'érosion des côtes provoquant un recul des plages pouvant atteindre jusqu'à 15 mètres en 2030. Cette hausse du niveau de la mer qui pourra atteindre 20 cm risquera d'endommager les barrières qui protègent le littoral et provoquer une submersion des villes côtières. L'étude propose qu'un système de surveillance soit mis en place pour évaluer la hausse du niveau de la mer, ainsi que le recul des plages qui menace les barrières de protection du littoral, en ayant, à titre d'exemple, recours à des techniques modernes de surveillance aérienne qui peuvent être d'une aide précieuse.