• Les propos du président de la République rappellent les pratiques d'avant-révolution Le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Mustapha Kamel Ennabli, a déclaré, hier, que «la décision de nommer ou de limoger le gouverneur de la Banque centrale, qui intervient sous proposition du président de la République et du chef du gouvernement, doit être adoptée par l'Assemblée nationale constituante (ANC) conformément à la loi sur l'organisation provisoire des pouvoirs publics». Lors d'une conférence de presse, qu'il tenait hier à Hammamet, en marge du congrès annuel de l'Association des économistes tunisiens (AET), le gouverneur de la BCT a fait remarquer que «les propos avancés par le président de la République pour expliquer son éventuelle destitution constituent «une première» «grave» qui rappelle les pratiques de l'avant révolution où les décisions étaient centralisées». «Le président a dépassé les prérogatives de l'ANC à laquelle revient, à elle seule, l'autorité d'approuver ou de refuser la décision de révocation», a indiqué Ennabli en réponse aux déclarations du président de la République, Moncef Marzouki concernant son intention de le destituer de ses fonctions et de le remplacer par un nouveau gouverneur à la tête de la BCT. Marzouki avait déclaré, dans la nuit de jeudi, lors d'une émission sur une chaîne tunisienne de télé privée, «qu'il a l'intention de limoger Ennabli malgré son obtention du «Prix du meilleur gouverneur d'une Banque centrale en Afrique», expliquant sa décision par «le besoin de mettre en place une politique économique sous le contrôle du peuple et non celui de n'importe quelle autre partie». Mustapha Kamel Ennabli a précisé que la loi sur l'organisation provisoire des pouvoirs publics vise à assurer l'autonomie de la BCT et de l'écarter de tous conflits politiques, relevant que «le travail de la BCT en matière de gouvernance de la politique monétaire accompli par ses fonctionnaires ne prend en compte que l'intérêt national et que toute atteinte à l'égard de cette institution n'est, en réalité, qu'une atteinte à la dignité de ses fonctionnaires».