Cinq ministères tunisiens pilotes entameront l'exécution, au cours de l'exercice budgétaire 2013, la phase expérimentation du programme de gestion du budget de l'Etat par objectifs (GBO), lancé depuis 2003 avec l'appui de la Banque mondiale et réalisé, dans le cadre d'un jumelage institutionnel Tunisie-UE, avec le financement de l'Union européenne. Il s'agit d'un projet de réforme dont l'objectif est de moderniser le fonctionnement de l'administration tunisienne à travers l'instauration d'une gestion optimisée des finances de l'Etat, l'introduction d'objectifs et d'indicateurs de performances et le développement de la culture des résultats. Le projet cible, au total, 20 ministères. Cette phase d'expérimentation en mode GBO (préparation, discussion et exécution du budget de l'Etat), annoncée au cours d'un séminaire organisé, hier, par le ministère des Finances, cible, dans une première étape, les ministères de la Santé publique, de l'Education, de l'Agriculture, de l'Enseignement supérieur et de l'Emploi et la Formation professionnelle. D'après Abderrahmen Kochtali, chef de l'Unité de gestion du budget par objectifs au sein du ministère des Finances (Ugbo), l'objectif de ce séminaire est de maintenir l'adhésion et la motivation des acteurs, notamment après la mise en place du cadre réglementaire régissant le projet, en l'occurrence la circulaire de performance des politiques publiques et le protocole d'expérimentation, validés, le 7 juin 2012, par un Conseil ministériel restreint (CMR). «Ce cadre réglementaire, explique le responsable, inclut les procédures et outils à adopter progressivement dans l'exécution de ce programme qui touche l'ensemble des aspects de la gestion des finances publiques : budgétaire, comptable, juridique, informatique, contrôle, performance et audit». Selon le chef de l'Ugbo, le programme a pour finalité «de dépenser mieux et d'améliorer l'efficacité, de l'action publique pour le bénéfice de tous». Le secrétaire d'Etat chargé des Finances, Slim Besbes, a rappelé, lui, à l'ouvernture de la rencontre, que le gouvernement a décidé de renforcer les moyens humains en vue d'étendre le projet, ultérieurement, à 20 ministères (ils étaient 9, il y a quelque mois). Les ministères ciblés sont appelés à revoir leurs règles de budgétisation et à présenter l'information liée à la gestion publique dans le sens d'une plus grande visibilité. D'après le secrétaire d'Etat, «la vision programmatique adoptée dans le cadre du GBO va justement permettre une meilleure lecture et une meilleure compréhension du budget de l'Etat par tout le monde (députés, spécialistes et analystes, journalistes société civile et citoyens)». Il a en outre annoncé le lancement très imminent du site web dédié à la GBO (www.gbo.tn ). Pour M.Frank Mordacq, chef de projet français du jumelage Tunisie-UE pour l'appui à la GBO, «la décision politique constitue un facteur indispensable et irremplaçable pour concrétiser les principaux enjeux de la réforme». Le responsable a réitéré que cette réforme «ambitionne de garantir une adaptation des finances publiques à la gestion en mode GBO, la mise en place d'un système d'audit des programmes et la proposition d'une approche de pilotage des programmes par la performance». «La bonne concrétisation de la réforme GBO est soumise à de nombreux aléas qui supposent un suivi permanent et une grande disponibilité et réactivité, ainsi qu'un accompagnement avec une mobilisation intensive des experts», a-t-il encore relevé. Pour réussir cette réforme, les acteurs ciblés doivent faire preuve, d'après le responsable, de pédagogie, privilégier la communication et mettre en place des programmes de formation générale et technique. Il s'agit également d'une transformation complexe des systèmes d'information et d'un travail commun entre les différentes directions concernées, a-t-il dit.