L'Etoile Sportive du Sahel va-t-elle chasser les démons de l'instabilité et œuvrer enfin dans la continuité ? Les dernières mesures annoncées avant-hier versent toutes dans un même sens, celui d'un travail dans la continuité tant espérée. Du moins au niveau technique, la journée du lundi ayant été marquée par des signes qui ne trompent pas. D'abord, la prolongation d'un an du contrat de Mondher Kbaïer a été paraphée. L'ancien directeur technique chargé du centre de formation restera à la barre technique de l'équipe seniors jusqu'au 30 juin 2013. Ensuite, le préparateur physique, Dr Foued Ftaïti a vu son mandat prolongé jusqu'en juin 2014. Enfin, à la demande de Kbaïer, l'attaquant tuniso-brésilien, Silva Dos Santos, a rempilé pour un an. En fait, la confirmation de Kbaïer représente non pas tellement une revanche, mais plutôt une forme de réhabilitation d'un technicien qui préfère la discrétion aux feux de la rampe et sacrifié avant même le début de la saison en cours pour quelques sorties décevantes au Tournoi de l'amitié qui devait pourtant servir de préparation, sans plus. Bernd Krauss, Khaled Ben Sassi, puis Faouzi Benzarti ne feront en tout cas pas mieux! Et voilà qu'au bout d'une saison où, contrairement à leurs habitudes, les Etoilés ne joueront ni pour la première ni pour la deuxième place, l'équipe-fanion est secouée par un défaut de goût, une chute de style sous forme de fugue de l'entraîneur Faouzi Benzarti, qui rejoint sans crier gare les Emirats (Al Charjah) et ses pétrodollars. «Besoin de sang neuf» L'ESS a perdu à tous les niveaux, technique et sportif, puisqu'elle n'est pas concernée par la course au titre, éthique avec les nombreux remaniements techniques couronnés par l'abandon pur et simple du club en pleine saison, et financier quand on sait l'argent dilapidé dans des recrutements infructueux. Comme une bouée de sauvetage, le projet initié depuis quelque temps d'encouragement de l'option jeunes a trouvé auprès de Kbaïer un solide interprète : «Dans cette phase transitoire, le club doit trouver son redressement et son salut dans son pur produit, nous explique-t-il. Il faut absolument mettre les jeunes dans une situation d'apprentissage. Nous essayons de lancer les blancs becs à dose homéopathique : les Alaâ Ben Saïd, Dramé, Aleya Brigui sont déjà là. Il y aura par la suite les Naggaz, Jegham, Yahia, Ben Amor, Trabelsi... Tous des internationaux olympiques», relève l'enfant du Club Athlétique Bizertin qui connaît un bon bout chapitre formation et jeunes pour avoir appartenu à la direction nationale technique et exercé à la tête de la sélection nationale olympique. «Dans mon projet, le club a besoin de sang neuf, ajoute Kbaïer. Il y a la volonté des jeunes de prendre leur place au sein de l'équipe. Je vais faire en sorte d'aider, d'encadrer et d'accompagner l'intégration de tous ceux dont le niveau permet une telle promotion». De matière première, il y en a en tout cas énormément: le vivier étoilé reste de très grande qualité comme en témoigne la razzia régulièrement assurée chaque fin d'année par les équipes de jeunes. Le dernier sacre en date a été le titre du championnat de Tunisie espoirs, remporté le dernier week-end haut la main suite à la large victoire (5-1) contre l'AS Marsa. L'aggiornamento replace donc le cru local au cœur de la politique du club. Le recentrage ne répond pas au fond aux seuls impératifs financiers, mais s'inscrit comme une suite logique de la qualité du travail entrepris au niveau des jeunes et dans lequel le club phare du Sahel est donné en exemple. La référence absolue, aussi bien au niveau des moyens et de l'infrastructure que de l'encadrement technique.